Tradition orale: Qui aurait été sa Majesté Labidiéro, 5ème roi du Gulmu?

La légende du Roi Labidiéro

Vers la fin du moyen âge naquit dans la savane africaine un Prince pas comme les autres à Odjabongou au carrefour frontalier du Bénin, du Burkina Faso et du Togo, première capitale du royaume Gourmantché.

Nourrisson, tenait-il à peine à quatre pattes que déjà les exploits du dernier rejeton du roi intrigaient son entourage.

Quand il était pris de colère et qu’en signe de protestation il martelait le sol, s’en suivait des étincelles puis des flammes.

Bien plus tard, lors des offrandes au palais, il enlaçait de part et d’autre le pilier central de l’antichambre et résserrait ses mains pour saisir sa part d’offrande. Quand le repas lui fit servi, en le ramenant à lui pour ingurgiter, le pilier de bois se rompait le temps du passage de ses mains et se reconstituait aussitôt sans laisser de traces.

A la disparition de son père Banyidoba, c’est tout naturellement que le jeune prodige aux pouvoirs insaisissables que la réputation avait devancé aux quatre coins du royaume fut couronné roi sous le nom de règne de Labidiero littéralement traduit  » ils ont vu leur Seigneur  »

Chef de guerre à la tête de sa cavalerie, conquérant hors pair, Labidiero repoussera les limites territoriales de son royaume jusqu’aux falaises de Bandiagara au pays dogon de l’actuel Mali et longera la rive droite du fleuve Niger jusqu’à Niamey.

Abile politicien, on lui attribue par ailleurs, le pacte de non-agression établi entre le Royaume Gourmantché et l’Empire Songhaï. Un pacte qui se perpétue à nos jours par les relations de parenté à plaisanterie entre les Songhoï et les gulmancéba.

La mémoire collective retient de Labidiero qui régna vers 1380 à 1395 comme l’un des plus grand sinon le plus grand Empereur de la dynastie de Diaba Lompo. Un roi conquérant intraitable qui vaincut tous ses ennemis et qui comme le raconte les griots de la cour royale de Numbado génération après génération la litanie de ses prouesses, « Labidiero le commandant en chef de la cavalerie, le destructeur des grandes cités qui se lamentait face à la nourriture et jubilait au vue des armes ».

Labidiero pris par l’hydre du pouvoir sur la route de retour d’une de ses expéditions réussie, defia Dieu le créateur et l’invita à un duel. Comme pour matérialiser sa defiance fut un tir d’arc dans le ciel qui en retombant le blessa mortellement. Commandant en chef de son armée et soucieux que sa blessure handicapante n’affecte la conduite et le moral de ses troupes, il intima ses guerriers de l’achever. Ce qui fut fait par un courageux combattant du nom de Otadano. Naitra de ce drame l’instauration d’un ministre « bourreau du roi » et cette tradition est sauvegardée à nos jours et assumée par les descendants de Otadano Yonli qui évolue sous la coupole de Tiedano le Chancelier dans la cour royale.

Labidiero eu le plus court règne de son époque cependant, en quinze ans de gouvernance, il demeure dans la conscience collective comme un roi amblematique qui même au prix de sa vie avait le sens de l’Etat.

Aujourd’hui un complexe scolaire porte le nom de Labidiero dans la ville de Fada N’Gourma pour honorer sa mémoire.

Pascal Thiombiano
Récit tiré de la tradition orale

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