Région de l’Est: Les acteurs de développement pris au piège des terroristes.

Dans la région de l’Est, plusieurs acteurs de développement ne sont plus en mesure de déployer leurs programmes. A Matiacoali comme dans plusieurs autres villes, les terroristes dictent ce qui doit être fait et comment cela doit être fait. Plusieurs associations comme les leaders administratifs ont été obligés de se délocaliser dans le chef-lieu de la région à Fada, abandonnant ainsi leurs cibles et leurs sièges sociaux pour sauver leurs vies. A Fada N’Gourma, chef-lieu de la région de l’Est, toutes les administrations des communes et des services déconcentrés de l’Etat y ont trouvé refuge. Que peuvent faire les associations de développement agissant dans les 26 autres communes que Fada dans la région? Gulmu Info a enquêté.

L’Association Tin Soagi yaba (ATSY-Solidarité) est une association créée en l’an 2000 dont le siège est à Matiacoali avec pour zone d’intervention le Gourma. Ayant soutenu la scolarisation de plus de 1500 jeunes filles et garçons entre 2012 et 2022, se verra refuser de poursuivre ses activités dans la commune de Matiacoali à cause des menaces terroristes.  Pour cette année scolaire 2022-2023, plus de 150 jeunes filles ne retourneront pas à l’école par manque d’appui de l’Association.

Dans la commune rurale de Yamba dans la province du Gourma, Monsieur Salif MANLY, président de l’Association des jeunes pour le Développement de YAmba, agissant en faveur des jeunes de la commune de YAMBA, affirme que “les terroristes ont imposé un dictat dans la commune, nous menaçant de ne plus nous voir sur le territoire communale, au risque de se faire tuer.” . Plus loin à Pama dans la province de la Kompienga, un autre leader de l’Association pour le Développement communautaire de la province de la Kompienga, nous confiera que “les bénéficiaires des actions de sont tous abandonnés et ne savent plus quoi faire par manque de soutien des partenaires et de l’Etat.”. Nous a-t-il ajouté, “Depuis le blocus des groupes terroristes, nous ne savons plus vers qui se tourner car personne ne veut se faire accuser de complicité.”.

Les leaders associatifs de la région de l’Est souffrent de martyrs depuis les attaques terroristes. Plusieurs ont été obligés de quitter la région pour se réfugier à Ouagadougou, la capitale du pays. Pour ceux qui osent y rester, sont obligés de “vivre cacher” comme nous l’a confié Monsieur Noé NAMOANO, leader d’association dans la province de la Gnagna au Nord de la région.

Pour ceux qui sont dans le chef-lieu de la région de Fada, le constat est tout autre. Alidou MAIGA, président du Réseau des Jeunes pour le Développement Économique et la Gouvernance au Burkina Faso , affirme qu’il était obligé de “changer les objectifs de son association pour continuer à exister.”. Aujourd’hui, plusieurs leaders d’association de développement chôment au regard du contexte socio-sécuritaire national. N’étant pas des acteurs humanitaires, ni d’urgence humanitaires, reconnus comme tels,  ils subissent les aléas de l’insécurité sans pouvoir agir. Faut-il abandonner les actions de développement au profit de l’humanitaire? C’est aux partenaires de décider.

Van Marcel OUOBA, Gulmu Info

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