Pour Miampo « Une chose est de refuser la politique et une autre en est d’assumer »
Monsieur Miampo Adjima Paul est un jeune natif de la Tapoa. Longtemps acteur d’aide aux populations vulnérables en particuliers les orphelins, il s’est prêté à notre micro pour réaffirmer son désir d’assumer sa carrière politique afin qu’avec son électorat ils puissent reforger leur identité et leur dignité.
Gulmu.Info : Présentez-vous à nos lecteurs.
C’est pour moi un honneur de m’exprimer à travers ce canal et c’est aussi l’occasion de remercier Gulmu.com pour son intérêt à mon égard.
De façon succincte, je suis Miampo Adjima Paul. Je suis né en 1968 à Diapaga. Je dirige une ONG que j’ai fondée en 2001.
Gulmu.Info : Expliquez-nous votre parcours professionnel.
Pour être bref, je n’ai pas eu un parcours de vie classique. D’abord j’ai commencé mon école primaire à Diapaga en 1975. Après le décès de ma mère 1980, les choses ne se sont plus passées comme je le souhaitais. Je me suis rendu à Ouagadougou pour le secondaire et les petits boulots. En 1991 ma vie a pris un tout autre tournant et me voilà au Togo pour y faire une école de disciples et de la relation d’aide. En 1993 je suis parti en Suisse pour une formation théologique de quatre ans. Après un stage pastoral d’une année, j’ai travaillé dans une fondation (le grain de Blé) avant de commencer à la Brique en 2001 qui emploie aujourd’hui une trentaine de collaborateurs au Burkina Faso.
Gulmu.Info : D’où vous est venus l’idée de créer La Brique ?
L’idée de créer La Brique est née de cette expérience d’un enfant qui a perdu sa mère à 12 ans. Je pense que vous imaginez bien ce que ça fait d’être orphelin à cet âge, surtout quand vous êtes d’une famille modeste et que vous devez vous assumer à cet âge. Quand j’ai eu l’occasion, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ce que je pourrais faire pour les orphelins et les jeunes en difficultés. C’est là qu’avec l’appui de quelques amis j’ai créé La Brique au Burkina et en Suisse pour accompagner les enfants en situation difficile. A cet effet La Brique a construit une maison d’accueil pour enfants vulnérables. De nos jours nous avons accueilli plus de 380 enfants, logés, nourris et blanchis gratuitement.
Gulmu.Info : Quelles sont les réalisations de La brique à ce jour au profit des populations de la Tapoa ?
Je vais du principe qui veut que ma main gauche ne sache pas ce que fait ma droite surtout quand il s’agit de solidarité. Mais beaucoup de gens me reproche le fait d’être très peu visible pour égard à tout ce que je fais.
Pour répondre à la question spécifique sur le cas de la province de la Tapoa, il faut reconnaître que La Brique est à Ouagadougou et ailleurs. A ce jour, sans aller dans les détails, nous pouvons citer les réalisations suivantes :
En 2001 nous avons construit une école primaire à Bobomondi, dans la commune de Tansarga. Nous y accueillons en moyenne 350 élèves par an. Les enseignants sont payés par la Brique et l’école est gratuite pour tous.
Dans la même lancée nous avons construit un collège d’enseignement général de quatre classes, les logements des professeurs et un dortoir pour les élèves. Ce collège a été donné à l’Etat Burkinabé mais la Brique va continuer à accompagner financièrement cet établissement pour encourager les professeurs dans leur travail.
En 2017 nous avons rénové l’école primaire de Kogdangou et construit une classe supplémentaire.
En même temps nous sommes à l’écoute des besoins spécifiques des populations et tentons d’y répondre comme nous pouvons.
Ce qui fait qu’en 2011 nous avons réalisé un forage à Bobomondi pour faciliter l’accès à l’eau potable aux élèves et à la population. Une banque de céréale pour permettre aux populations de stocker des vivres et de les revendre à bas prix pendant les périodes de vache maigre
Nous avons aussi réalisé cinq forages en faveur de quatre villages de la commune de Diapaga.
Parallèlement nous avons aidé les femmes de Kogdangou par la mise en place de salles d’alphabétisation d’adultes. Nous payons les enseignants pour elles. Elles se sont constituées en coopératives. Nous avons assuré leur formation et leur avons doté deux moulins à grain. Une banque de céréales est en cours de réalisation dans ce village. Quant aux jeunes, ils ont reçu un beau terrain de football et des matériels nécessaires.
En avril dernier nous avons commencé la construction d’un centre de santé et de promotion sociale (CSPS) dans le village de Barpoa, commune de Diapaga. Neuf villages sont concernés par ce projet qui va nécessiter notre accompagnement au moins pour les six prochaines années.
Les femmes de Barpoa ont aussi reçu un moulin. D’autres projets plus ou moins conséquents sont à venir.
Gulmu.Info : Expliquez-nous les motifs qui vous poussent à venir en politique ?
D’abord faire de la politique (comme je l’ai précisé dans mon post) n’avait jamais été mon intention. Cependant une chose est de refuser la politique et une autre en est d’assumer ce refus notamment en endossant les conséquences directes ou indirectes. Nous laissons cette sphère de nos vies à des gens qui la font pendant que nous la subissons passivement.
Or la politique comme elle est vécue dans notre pays et en particulier notre province n’est pas rassurante. (L’électorat est perçu comme une valeur marchande – des faires valoir. L’inimitié est une donne fatale, des divisions dans des familles, la jeunesse instruite se marginalise sur la question). Nous naviguons à vue, le PNDS est en souffrance.
Faisant ma propre introspection, j’ai senti la nécessité d’apporter ma contribution par la politique. J’estime que la volonté seule ne suffit pas, il faut avoir la légitimité, et cette légitimité d’agir ou de parler au nom du peuple, j’irai la chercher auprès de mes frères et sœurs.
Gulmu.Info : Quelles sont vos objectifs en venant en politique ?
Tout d’abord, je me fais miens les objectifs du développement durables (ODD) des Nations Unis qui sont rassemblés dans son agenda 2030 – https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/
Ces objectifs doivent préoccuper tous les acteurs de développement et les politiciens, surtout ceux de nos pays « pauvres ».
Ensuite, j’ai des objectifs personnels qui me tiennent à cœur.
Le premier, c’est tenter d’insuffler un nouveau paradigme qui consiste en un changement de mentalité dans notre manière de concevoir la politique. La politique ce n’est pas la guerre mais plutôt un débat d’idées et d’actions fortes, constructives où la solidarité doit régner. Afin qu’ensemble nous reforgeons notre identité, notre dignité. Que nous revalorisons notre culture. Je veux voir l’apaisement dans les cœurs de tous…
Ensuite, je souhaite amener la jeunesse à s’impliquer activement dans le processus de développement local. J’ai l’impression que notre jeunesse est relayée au second plan ou ne veut pas elle-même s’impliquer dans le développement. Pour certains jeunes faire la politique, c’est s’attirer des ennemis. Ils la considèrent comme une activité dangereuse, donc il faut s’en éloigner le plus possible. Pourtant faire de la politique c’est simplement participer à la gestion de la chose publique et il n’existe aucun moyen d’y échapper. Ils achètent des timbres, se font faire de cartes d’identité. C’est déjà une façon de participer à la gestion du pays en pourvoyant les fonds nécessaires à la vie de la nation ! Alors pourquoi faire les choses à moitié. Le temps de la peur, du mutisme, des critiques inutiles et de la résignation doit cesser. Mon objectif est que les jeunes prennent d’assaut les partis politique et que les élections prochaines il y’ait un nombre conséquent de jeunes dans les conseils municipaux, les mairies, etc.
Gulmu.Info : Pensez-vous avoir les compétences nécessaires pour atteindre ces objectifs ?
Votre question me permet de clarifier mon approche de la politique et de l’homme politique que je souhaite devenir.
Je tiens donc à souligner que je ne viens pas en sauveur avec des promesses. Je veux que le peuple sache qu’il est son propre sauveur. Que chacun est indispensable à l’autre et que c’est seulement ensemble que nous serons capables. Seul, malgré ma volonté, je ne peux rien faire.
Le plus important, c’est que je me sens dévoué, déterminé dans toute activité que j’entreprends et Dieu me donnera la force, l’intelligence et les moyens d’y arriver.
Gulmu.Info : Dans un post sur votre page Facebook, vous déclarez ceci : « C’est en me ralliant à cette conviction ferme qu’un vrai changement est possible et réalisable que je me suis décidé de mettre en branle l’un de mes droits le plus absolu et m’engager dans l’arène politique afin d’apporter ma contribution à l’édification d’un Burkina nouveau. » En français facile, qu’est-ce que cela signifie ?
Effectivement c’est une conviction que je manifeste à l’égard de la situation actuelle du pays.
Pour être simple il faut noter qu’après l’insurrection de 2014 les burkinabés ont cru finalement à un changement tant attendu et tous avaient confiance que le pays était enfin remis sur les rails. Mais face l’incapacité du régime mis en place notamment dans le domaine de la sécurité, de l’éducation, la grogne sociale, les grèves à répétition, les conflits communautaires et sans oublier la recrudescence de la pauvreté, on a de nouveau le sentiment que le pays va à la dérive. Il y a de quoi être pessimiste au regard tout ça.
Mais il faut toujours croire à un changement possible même si cela nécessite de nous de l’intégrité lié à un esprit d’intérêt général. Nous devons retrouver l’amour du vivre et du gagner ensemble. Je suis de ceux qui aspirent après ce changement que je soutiens becs et ongles et que j’appelle de tous mes vœux.
Gulmu.Info : Dans quel parti politique comptiez-vous vous engager ?
Je suis un conseillé de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) à Kogdangou. Je n’ai pas changé de parti et je n’entends pas le faire.
Gulmu.Info : Pourquoi avoir fait ce choix ?
Pour moi l’UPC incarne l’esprit de Changement auquel j’aspire. Mais l’étiquette de parti politique m’importe peu. Ce n’est pas le parti qui fera le travail de façon concrète mais les femmes et les hommes de ce pays qui sont déterminés à changer les choses. On peut être dans un parti qui se dit fort et ne rien réaliser sur le terrain. Bref, le terme parti politique ne devrait pas servir de complexité.
Gulmu.Info : Comment comptez-vous gérer votre leadership dans cet univers politique ?
Je suis voué à l’échec si je pense à comment gérer mon leadership. Pour moi le plus important, c’est de savoir comment diminuer pour que les jeunes grandissent, pour que les futures générations prennent leurs places et leurs responsabilités.
Par contre si par leadership vous entendez le fait d’être à l’écoute et au service des autres, alors là je ne me fais pas du souci, je m’y appliquerai comme je peux à la place que Dieu et les Hommes me jugeront digne d’occuper.
Donc je m’attacherai à la défense des causes auxquelles je crois.
Merci pour votre attention
Je suis convaincu que ce Monsieur est l’homme idéal de la Tapoa et pour le Burkina en général. Et pour un changement profond, il faut que nous jeunesse soyons former afin de répondre demain aux aspirations du peuple.
MIAMPO Paul Adjima, que Dieu tout puissant soit votre appui et vous élève plus haut! Je vous crois, je vous suis!