La RN4 c’est jusqu’au Niger : Ne marchez pas sur les pas des régionalistes qui vous ont précédé.
La situation de la région de l’Est nous oblige à interroger l’histoire pour en connaître les causes et les raisons. En vérité, le partage équitable des biens publics et le respect de la loi sont les seuls garants d’une vie harmonieuse dans une nation qui se veut unie et solidaire. Tout autre discours, soit-il de bonnes consciences bien pensantes, servira à couver ce qui se révélera un jour être une bombe hypersonique qui emportera la nation toute entière. Car vouloir empêcher les victimes d’injustice de s’exprimer selon ce qu’elles ressentent au nom d’un processus de réconciliation sera voué à l’échec.
La situation d’abandon de la région de l’Est trouve ses explications en plusieurs étapes. Tout a commencé avec la création de la Haute Volta en 1919, quand le colon avait estimé qu’ « il serait dangereux pour la France que les Gulmaceba et les Peulh aient chacun son territoire. Car les Gulmaceba sont très conservateurs et les Peulh sont mystérieux. » Archives sur la colonisation (à consulter aux archives d’Abidjan au Plateau.)
Ces deux peuples se retrouvent donc disloqués dans plusieurs pays. C’est ainsi qu’on retrouve des Gulmaceba au Burkina Faso, au Bénin, Mali (Gourma malien dans le cercle Gao) au Niger et au Togo. Le pays Gulmaceba avec une superficie 4fois supérieure à celle du Burkina Faso actuel a été morcelé de telle manière qu’on retrouve par endroit, lorsque la ligne de frontière passait dans un cimetière, la tête d’un ancêtre au Bénin et les pieds au Burkina Faso.
La deuxième phase c’est la reconstitution de la colonie de Haute Volta en 1947.
Le Numbado Simandari qui avait envoyé des émissaires dans tout son royaume qui s’étendait du Burkina Faso au Togo, en passant par le Niger et le Bénin, en vue de former un pays à part entière. Lui-même s’était rendu à Niamey où il a été informé de l’impossibilité de créer un État indépendant car la France n’y voulait pas et avait déjà monté les autres nations contre lui. Mais il avait la possibilité de choisir entre le Niger et la Haute Volta pour rattacher son pays. Il n’avait plus que deux choix.
A son grand étonnement, le Mogho Naaba de l’époque va mentir au gouverneur Français que le Numbado Simandari était d’accord pour que son pays soit rattaché à celui des Mossis sans même discuter des conditions dans lesquelles ce rattachement devrait se faire. De retour de Niamey le Numbado Simandari va écrire une lettre au gouverneur français pour clarifier sa position et son choix. Voir (COAM-AIX-PROVINCE CARTON2186/9 DU 28/05/1947) Le Mogho Naaba de l’époque va comploter avec les autorités françaises pour l’inviter à Bobo Dioulasso pour une réconciliation, parce qu’étant le grand père, ce n’était pas possible qu’il se déplace à Ouagadougou pour répondre à un appel du Mogho Naaba. Arrivé à Bobo, il sera arrêté et emprisonné à Banfora grâce au complot précité. Le lendemain un autre prince sera intronisé Roi Hamtiouri et accepte l’intégration du pays des Gulmaceba à celui des Mossi.
A partir des années 1970, la région de l’Est va rentrer dans le viseur des politiques féodales, minutieusement élaborées pour que le Gulmu soit traité comme une seconde zone au service d’autres régions.
Appelons le Barrage de la Kompienga pour mieux comprendre.<< A la découverte du site du barrage de la Kompienga autour des années 70, les économistes avaient trouvé que la production était juste pour alimenter les localités de la région notamment l’exploitation du gisement de phosphate. Entre temps, en 1973, il y a eu la guerre du Kippour entre Israéliens et Arabes entrainant le premier choc pétrolier faisant passer le prix du baril de pétrole de 03 dollars à près de 12 dollars. Cette flambée des prix du pétrole amena les autorités à s’intéresser au projet Kompienga. En ce moment, les économistes ont jugé que la production électrique de Kompienga devenait rentable, tout en précisant qu’elle ne pouvait couvrir que 50% des besoins énergétiques de la capitale. Donc, il n’était pas utile d’envisager l’électrification des villes comme Fada et même Pama qui se trouve à un jet de pierre du Barrage. Toutefois, on a procédé à l’interconnexion avec Koudougou et Ziniaré une fois que les lignes électriques de la Kompienga sont arrivées à Ouagadougou. Cependant, dès la fin de la construction du barrage hydroélectrique de Bagré, on a procédé à l’interconnexion des villes de Tenkodogo, Koupéla, Pouytenga et Zorgho. >>In Memoranum sur le développement de la région de l’Est octobre 2018, Dr Salifou IDANI.
Vous l’aurez compris, lorsque l’électricité venant de la Kompienga est arrivée à Ouagadougou, ils ont trouvé subitement que la capacité de production de cette électricité était suffisante pour alimenter les villes de Ziniaré et de Koudougou. Pour la région de l’Est d’où est produite celle électricité, ils ont trouvé bon de les contenter avec des groupes électrogènes.
Le plan de délaissement va atteindre son paroxysme avec l’arrivée dans les années 1994 au gouvernement, de Monsieur Roch Marc Christian KABORE l’un des plus grands régionalistes que le Burkina Faso n’ait jamais connu. Il nous conduisit dans une sorte de mise en anonymat des intelligences de la région de l’Est. C’est le début de la marginalisation aggravée dans l’administration, dans le partage des biens du pays au fur et à mesure que le temps passe. Favorisé par le laisser faire des fils de la région qui ne se plaignent de rien et qui se laissent embobiner par des discours fallacieux de cohésion sociale quand il s’agit de supporter l’iniquité.
Pourtant les anciennes générations s’étaient montrées plus imposantes.
Je pense aux Amirou Thiombiano (fondateur du PAI),le Professeur Toguyeni fondateur de l’Université de Ouagadougou, Ali Lankoandé (qu’on ne présente plus), les Dr Badjo Grégoire ancien député de la 3ieme République (père de maître badjo, ancien bâtonnier), les Édouard Tani (ancien ministre de l’information), Louis Thiombiano (pionnier et l’un des grands bâtisseurs du FESPACO), Les Oumarou Diallo (ancien député de la 1ère République), Pr Larba YARGA ancien ministre de la défense et ancien ministre de la justice qui avait permis l’organisation des opérations de patrouilles contre le grand banditisme.etc. C’est à cette époque que le Capitaine DIENDIERE a été révélé aux populations du Gulmu.
A l’arrivée de Roch KABORE au premier ministère le Ministre Larba YARGA sera envoyé au ministère de la justice.
Les patrouilles contre le grand banditisme sera remplacé par des couvres feu de 1997 à nos jours avec une brève reprise, lorsque le Colonel BARRY est appelé au ministère de la sécurité. C’est ainsi que les bandits de grand chemin originaires en majorité des régions du Centre Est et Centre Nord (Zorgho,Koupela, Boulsa, Pouytenga) ont mis à terre l’économie de la région. Les grands marchés de la région (Namouno, Marché à bétail de Fada etc.) qui attiraient des commerçants venant du Bénin, du Niger, du Nigeria du Togo et du Ghana, sont désormais inscrits aux calendes grecques.
Il fallait attendre l’arrivée à la primature de Kadré Désiré OUEDRAOGO et de Paramanga Ernest YONLI et de Tertus ZONGO, pour revoir surgir les intelligences de la région de l’Est.
Roch KABORE est désormais Président de la République. Dans son plan national de développement économique et social (PNDES) première version, aucune phrase n’avait été retenue pour la région de l’Est. La région sera exclue de tout ce qui engendre le développement local (routes, électricité, eau, infrastructures sanitaires…) Tout comme le gouvernement du président DAMIBA, le Gulmu 3ème région la plus peuplée, n’avait pas eu un ministre plein, quant on sait que le slogan annoncé, était : « seules les compétences seront retenues ».
Lorsque qu’il décide de réhabiliter la RN4, principale voie reliant la Capitale à la frontière du Niger, qui traverse la région de l’Est, il arrête la réhabilitation au dernier village marquant la frontière régionale de la région de l’Est et celle du Centre Est. On nous présentera en pompe le lancement des travaux avec un financement acquis en 2018. Le Ministre en charge de la réhabilitation de la RN4 est un fils du même fief que le Président Roch, Éric BOUGOUMA tout comme l’actuel Président DAMIBA qui se trouve à un jet de pierre. Nous espérons qu’il n’y aura pas de politique de couveuse. Car ce ne sont pas nous les victimes qui doivent simplement pardonner.
Les bourreaux doivent avant tout répondre devant la loi.
Lorsqu’il était question d’équiper les hôpitaux de scanner, la région de l’Est avec ses villes se trouvant à 450 à 500 km de la capitale est gommée de la liste. Tandis que certaines villes situées à 100kms de Ouagadougou ont été bénéficiaires, allez y m’expliquer la logique.
Le comble de tout, c’est le phosphate de Kotchari que le pouvoir du président KABORE a trouvé anormal que le phosphate produit dans le Gulmu soit transformé dans une de ses villes. Il décide de faire construire l’usine de transformation du phosphate extrait à Kotchari dans la Tapoa pour le transporter à Koupela en traversant toute la région de l’Est, comme ils avaient fait pour l’électricité.
Aujourd’hui on s’étonne que les crises sécuritaires se développent dans ces zones longtemps marginalisées. (Le Gulmu et son infortuné le sahel).
Le phosphate de Kotchari ne sera jamais transformé à Koupela. Nous ne laisserons plus un gouvernement régionaliste nous traiter comme des étrangers dans notre propre pays. Le Burkina sera le Burkina Faso de tous les burkinabè qu’on le veuille ou non.
L’audit de fonds de la réhabilitation de la RN4 est un impératif. Aucun bricolage ne saurait couvé ce délit.
Larba Israël LOMPO