La fraude, ultime rempart de survie pour les habitants de la province de la Tapoa au Burkina Faso

Les provinces de la Tapoa, de la Komandiari et de la Gnagna, situées dans l’est du Burkina Faso, sont confrontées à une situation de crise humanitaire sans précédent. Les populations locales sont prises en otage par les terroristes qui bloquent tous les axes de ravitaillement, les privant ainsi de l’accès aux produits de première nécessité. Dans ce contexte désespéré, la fraude est devenue le seul moyen pour les habitants de se procurer des vivres et de sauver des vies, face à l’incapacité de l’Etat à ravitailler les communes en denrées alimentaires.

Le blocus des terroristes et l’isolement de la province

Depuis bientôt trois (03) ans, les groupes terroristes ont instauré un blocus sur les routes principales de la province de la Tapoa, de la Komandiari, de la Kompienga et de la Gnagna. Ces barrières infranchissables privent les populations locales de tout accès à l’extérieur et les coupent ainsi de l’approvisionnement en vivres et en médicaments. Les communes se retrouvent alors enclavées, sans autre alternative que la fraude pour subvenir à leurs besoins primaires.

L’incapacité de l’Etat à ravitailler les communes

Malgré les demandes répétées des habitants de la province, l’Etat s’est avéré impuissant face à la menace terroriste et à la situation critique qui prévaut dans la Tapoa. Les moyens logistiques et humains nécessaires pour ravitailler les communes en denrées alimentaires font cruellement défaut, mais aussi les convois pour ravitailler les zones sont très rares, et dont les périodicités sont très longues. Les populations sont ainsi abandonnées à leur sort, contraintes de trouver des alternatives illégales pour sauver des vies.

La fraude, une question de survie

Dans un tel contexte, la fraude est devenue l’unique moyen pour les habitants de la Tapoa de se ravitailler en vivres et de sauver des vies. Les populations les plus vulnérables, comme les enfants et les personnes âgées, sont les premières victimes de cette situation dramatique. Face à l’urgence de la survie, les habitants n’ont d’autre choix que de recourir à des moyens illégaux, en prenant des risques considérables pour échapper aux contrôles et aux sanctions. Plusieurs jeunes empruntent les pistes pour traverser les forêts et rejoindre le chef-lieu de la région, Fada, pour se ravitailler en vivre et en produits de premières nécessitées, afin de ravitailler les zones sous blocus avec tous les risques que cela comporte. Adjima, non d’emprunt, nous confie qu' »il vend sa vie pour sauver des vies. Lors de nos voyages vers Fada, nous avons peur de rencontrer les forces de l’ordre ou les hommes de la bourse (C’est l’expression qu’il utilise pour qualifier les groupes armés dans les forêts). ». Avant de finir par nous confier qu' »A toutes les fois, nous craignons les représailles. Certains de nos camarades ont été tués et d’autres enlevés et nous sommes sans leurs nouvelles. Personne des deux parties en conflit ne nous laisse tranquillement. Nous sommes traqués par les forces de défense et de sécurité d’une part, mais aussi par les hommes de la bourse de l’autre. Il faut que les autorités et les humanitaires viennent à notre secours »

Les conséquences humanitaires

La fraude généralisée dans la province de la Tapoa a des conséquences humanitaires désastreuses. D’une part, la précarité alimentaire s’accentue, menaçant la santé et la survie des populations locales. D’autre part, les réseaux de fraude mettent en danger la sécurité des habitants, qui se retrouvent pris entre l’occupation terroriste et une économie informelle dangereuse. La fraude, bien qu’elle puisse sembler être la seule issue pour ces populations désespérées, ne représente qu’une panacée temporaire, ne résolvant pas les problèmes structurels sous-jacents. Cette solution illégale et dangereuse ne fait que souligner l’urgence d’une intervention internationale pour mettre fin à cette crise humanitaire et apporter un soutien logistique vital à la province de la Tapoa.

Van Marcel OUOBA, Gulmu Info

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