Insécurité : « Dans la Tapoa, sans la sécurité, la famine nous guette », un témoin

Dans la région de l’Est du Burkina, la question sécuritaire fait partie du quotidien des villageois. Des viols, des vols de bétails et des tueries sont récurrents. A Chaque levée du soleil, les mauvaises nouvelles se lèvent : encore des morts par-ci, des vols et des déplacés internes par-là. Toujours la peur au ventre au point où les habitants se demandent à qui le tour ? Et pour s’éloigner du mal qui leur guettent, les gens s’enfuient de leurs village à la recherche de la sécurité. C’est le cas d’un père famille, plus de la cinquantaine , habitant de Tapoa qui témoigne son calvaire.

C’est avec les mains jointes que Tadjoa s’efforce à dire ce qu’il a vu et entendu. Au delà de ces 50 ans, c’est la première fois qu’il se confie. Mâchoire serrée, il délie la langue pour nous lancer : « Chez nous c’est inquiétant. Les hommes armés nous visitent au quotidien. ».

C’est le cas d’un village dont on ne citerait pas le nom, dans la province de la Tapoa. Un des villages encerclé par les groupes armés, cachés dans les forêts. Un village qui vit au quotidien les menaces des groupes armés non identifiés. Les villageois vivent la peur au ventre et les lendemains sont incertains. C’est de ce village que vient Tadjoa (non d’emprunt), 50 ans d’âge à peu près, père de famille de plusieurs enfants et cultivateur de son état.

Il y a de cela 50 ans, ce village était paisible, se souvient Tadjoa. A l’époque où tout allait bien, Tadjoa vivaient paisiblement des fruits de l’agriculture et de l’élevage. Mais les choses changent rapidement » se souvient Tadjoa. En effet, les seuls difficultés étaient à l’époque des conflits légers entre éleveurs et cultivateurs et se résolvaient rapidement. Mais la situation s’est vite détériorée.

Tadjoa raconte : « les groupes armés sont arrivés dans les villages environs et ont fait des victimes. D’abord ils ont chassé les douaniers dans certaines zones; attaqués les policiers et les gendarmes, et même les agents des eaux et forêts qui gardaient les forêts ont plié bagage« . Comme si cela ne suffisait pas ils se sont tournés vers les populations civiles. « A l’origine ils intimaient l’ordre aux paysans d’abattre les porcs et les animaux contraires au coutume de l’Islam. Ils demandaient aux gens de se convertir à l’islam » raconte Rahim.

Cette situation a duré jusqu’au début de l’opération « Otapoanu ». Les commandos de l’opération « Otapoanu » ont chassé les groupes armés qui se sont dispersés dans les forêts et ont quitté la localité. Mais ce n’était que pur un temps.

Aujourd’hui, cachés dans la forêt, ils continuent de faire des excusions dans les villages environnant pour semer la peur , racketter les populations et empêcher des regroupements. Une situation qui sème la pauvreté et la psychose au sein de la population.

Tadjoa qui a quitté son village à cause de cette situation n’a plus les mots pour qualifier le vécu de son village. Son souhait que la paix revienne. « Que la sécurité advienne avant le début de la saison pluvieuse pour que les cultivateurs puissent cultiver, sinon la famine sera le second exterminateur de la population. On ne peut pas vivre en attendant éternellement que la pitance quotidienne viennent d’ailleurs.« 

Gulmu Info

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