Tapoa : Une usine de transformation du phosphate crée la polémique

La Société d’Exploitation des Phosphates du Burkina, a décidé de construire une usine d’exploitation des phosphates dans la province de la Tapoa (Extraction à Kodjari et traitement à Diapaga) afin d’alimenter l’usine de production d’engrais au Burkina Faso à Koupèla à partir des phosphates naturels de Kodjari. Mais le modèle industriel a créé l’émoi parmi les populations de la région de l’Est : Les forces vives de la localité crient à une tentative de délocalisation de l’usine de Phosphate de Diapaga.

 «C’est bien une usine de mélange d’engrais à base des phosphates naturels de Kodjari»,  soutient pourtant Dr Brahima Sorgho est désormais le Directeur général de la Société d’exploitation des phosphates du Burkina (SEPB). Cette conviction crée une vive tension dans la région et la présence de «l’usine » oppose les populations aux dirigeants.

La petite histoire

Le Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina (BUMIGEB) s’est beaucoup intéressé aux phosphates du Burkina depuis leur découverte en 1972 dans le Sud-Est du pays. Il a conduit de nombreux travaux fondamentaux ayant donné lieu ensuite à des travaux de recherche minière de 1973 à 1979. Les recherches ont mis en évidence l’existence de trois gisements :

  • Kodjari,
  • Arly
  • et Aloub-Djouana.

La majeure partie des études a porté sur le gisement de Kodjari qui s’est avéré plus important, quantitativement, que les deux autres. L’exploitation des phosphates de Kodjari a démarré donc en 1977 sous l’égide d’un projet initié à cet effet et dénommé Projet Phosphate.

Suite à une étude menée en Août 2001, par Issa Martin BIKIENGA, Ingénieur Agro-Economiste, sous le thème «Synthèse des connaissances agronomiques et économiques sur le Burkina phosphate », les résultats de l’étude ont montré qu’en définitive, chaque kg de Burkina phosphate coûte en moyenne 63,99 FCFA/kg. Ramené à l’Unité Fertilisante (P2O5), ce coût est de 256 FCFA environ.

L’analyse détaillée a montré que ce coût est fortement grevé par le transport. En effet, les différentiels de transport de Diapaga à Ouagadougou et de Diapaga à Bobo-Dioulasso étaient respectivement de 16,71 FCFA/kg et de 30,4 FCFA/kg, sans tenir compte du transport du minerai à l’usine. Cela signifiait en clair que l’éloignement constituait un facteur pénalisant pour la production du Burkina phosphate. Une raison qui a fortement contribué au ralentissement de l’exploitation du phosphate dans la province.

La polémique

Une rumeur a plané depuis un moment sur les réseaux sociaux faisant cas de l’intention du gouvernement de délocaliser l’usine de traitement du phosphate à Koupéla. Elle a fait couler beaucoup d’encre obligeant les ressortissants de la localité à réagir.  D’un côté, les responsables administratifs et politiques de la localité qui estiment que sa présence est bénéfique à la localité. De l’autre, une jeunesse qui se dit grugée par les autorités locales, accusées de «ne pas défendre assez la région» en termes d’emplois et de retombées économiques pour la zone.  

Selon la direction de SEPB, il n’y a pas de déplacement de l’usine de Diapaga à Koupéla.  Il est même prévu dans les mois qui suivent, la construction d’une usine de traitement sur le site de la mine à Kotchari et l’agrandissement de celle de Diapaga pour un budget d’environ 17 milliards de Francs CFA. La mairie de Diapaga aurait été déjà contactée pour trouver un site plus grand. L’usine de  Koupéla serait une unité de mélange d’engrais à base des phosphates naturels de Kodjari qui couterait un peu plus de  2.5 milliards. De telles usines selon la SEPB, seront construites dans plusieurs localités afin de mettre à disposition des populations des engrais à moindre coût.

Menace sur la cohésion sociale ?

Les populations de la région dénoncent la «Une provocation du gouvernement à l’endroit d’une population». En effet, depuis la fin de la révolution, la région de l’Est et en particulier la province de la Tapoa est délaissée. Toutes les infrastructures routières, sanitaires, éducatives, etc. sont dans un état de vieillissement avancé. La région possède l’un des taux de chômage les plus élevé du pays.

Pour les populations, l’implantation de cette usine devrait créer plusieurs emplois pour la jeunesse. Elles sont convaincues que l’implantation de l’unité va améliorer la vie économique de la province qui sous l’emprise de l’insécurité.

Aujourd’hui, plusieurs personnalités de la région ont entrepris des démarches pour mieux comprendre la question. Des cadres de concertations et d’explications tant au niveau nationale que locale ont été programmés. Ces cadres seront l’occasion pour les différents protagonistes de s’expliquer sur les raisons qui ont prévalu à de tels choix.

La rédaction

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