Malgré les cris d’interpellation, la réaction à Madjoari tarde à venir.

Dans la journée du 05 Juillet 2021, la diaspora de Madjoari, dans la Kompienga a lancé un cri de cœur pour interpeller les autorités sur la situation sécuritaire très dégradée dans la commune. Malgré l’appel très relayé par les presses du pays, l’ultimatum des terroristes court à sa fin, et les populations restantes sont de plus en plus inquiétées par les hommes armés.

 Sept (07) jeunes ont été bastonnés dans la matinée, trois jeunes enlevés dans la journée du 06 Juillet 2021 et une ruée des populations de Madjoari vers le Benin. Voici la résilience de cette population laissée à elle-même. Un résident de la commune joint au téléphone ce matin affirme : « Nous attendons toujours l’intervention de l’Etat dans la commune. Depuis deux jours, nous sommes en alerte maximale et nous vivons chaque jour comme si c’était le dernier, car d’une minute à l’autre, la mort peut frapper à ma porte. ».

Affirmé que l’Est est délaissée ou que l’Etat du Burkina Faso, ne prend jamais au sérieux les problèmes de la région de l’Est, c’est simplement dire que le cas de Madjoari est l’illustration parfaite. Une commune située à plus de 400 km de la capitale, qui peinait à survivre par manque d’infrastructures et de bien d’autres facilités de l’administration, se voit aujourd’hui contraint de crier de toutes ses forces pour demander le droit à la vie. Oui le droit à la vie car des hommes armés ont décidé de rayer cette commune de la carte du Burkina et d’en faire leurs bases.

En effet, depuis le 02 Juin 2021, des hommes armés ont décidé d’aller à la conquête de Madjoari. A tour de rôle, les villages ont été vidés et seul le quartier abritant la base militaire n’est pas encore touché. Craignant un affrontement avec l’armée, les terroristes ont adopté d’autres stratégies : Asphyxier le quartier en créant un embargo et interdire toute production agricole dans la commune pour affamer les résidents. Malheureusement, la stratégie est entrain de produire des résultats. Les vivres se font rares et les prix grimpent. Le carburant se vend à plus de 3000 FCFA le litre et tout produit manufacturé est devenu un luxe qu’on s’arrache à des prix très couteux.

Face à cette situation, deux alternatives s’offrent aux populations : Rejoindre les rangs des terroristes où fuir. Pour ceux qui ont opté de rejoindre les terroristes, la vie continue mais pour ceux qui ont opté de fuir, un chemin de croix les attend. Plus de 40 km de forêts à traverser à pied quelque soit la direction que l’on prend, avec une forte chance de tomber sur des animaux féroces ou sur les terroristes. Si rien n’est fait, le sentiment de non appartenance à la nation burkinabé grandira au sein de la population et le pire risque d’arriver. Comme l’a affirmé Nassirou DAHANI, lors de la conférence de presse des ressortissants de Madjoari, « Si le même cas que Solhan se reproduit à Madjori, les autorités qui mettront les pieds à Madjoari pour présenter leurs condoléances ne reviendront plus jamais. ». Les populations sont si remontées à tel point que quand nous les avons joints au téléphone, nous sommes confondus à l’Etat et les plaintes et les insultes pleuvent sur nous.

« Que ceux qui nous lisent aient pitié de ces populations et de nous, et interpellent les plus hautes autorités pour un peu plus d’actions. Les populations sont prêtes à se battre et l’avènement des Kolghwéogo en est l’illustration parfaite. » disent-ils. Les terroristes ne sont pas passés par des écoles de guerre, les Kolghwéogo aussi. Si depuis 5 ans, l’Etat n’arrive pas à venir à bout de ces terroristes, ce n’est pas par manque d’armes et d’équipements, c’est juste parce que les stratégies adoptées par l’Etat major général des armées ne sont pas adaptées à la situation. Il faut des solutions endogènes pour une situation endogène.

Van Marcel OUOBA, Gulmu Info

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *