COULIDIATY Tompoa ou le symbole des mets locaux à Diapaga

Elle est au four et au moulin. Elle cuisine, elle fait le service, elle échange avec un grand sourire avec ses clients. Installée à l’entrée de la ville de Diapaga sur l’axe Kantchari-Diapaga, COULIDIATY Tompoa est deuxième adjointe au maire de la ville de Diapaga et restauratrice. Sa particularité est la soupe française et les mets locaux d’origine gourmantché. Une équipe de Gulmu Info s’est entretenu avec elle pour en savoir plus.

Gulmu Info (G I) : Parlez –nous de votre activité

La cuisine est un amour pour moi. J’ai appris à cuisiner en suivant une ainée et en essayant de faire comme elle. Aujourd’hui je suis à la tête d’un restaurant qui offre des plats européens et burkinabè. Ma spécialité est la soupe à la française qui est une soupe légère et les mets locaux gourmantché. Vous trouverez dans mon restaurant ma grande spécialité qui est le « Kalambayari au moringa», le « Djoudjouna », « le moui moui », le « Toubani » et bien d’autres mets gourmantché. Je pense être la seule qui offre un tel service à Diapaga ici.

GI : Pourquoi contrairement aux autres restaurants de Diapaga, avez-vous opté pour les mets gourmantché comme particularité ?

Nos traditions et nos coutumes se perdent de plus en plus. Pour moi, en cuisinant nos mets locaux, c’est une manière pour moi de valoriser ces plats, mais aussi une forme de résilience face à l’invasion des mets européens dans nos repas quotidiens. Ce que nous produisons ici sont toujours exportés et nous consommons les produits des autres pays sans être sûr de la qualité. J’ai voulu pour ma part, donner une autre image de notre savoir faire culinaire en mettant l’accès sur la transformation de nos produits agricoles locaux. Je veux valoriser ce que nous cultivons et transformer ça ici. C’est ce que faisait nos parents.

GI: Qui sont vos clients ?

Mes clients sont pour la plupart des fonctionnaires et des employés travaillant dans la commune. Quelques personnes de la ville fréquentent mon restaurant mais je suis au regret de ne pas avoir beaucoup de nos parents comme clients. Ce sont les autres qui s’intéressent à nos plats tandis que nous même nous devons consommer ce que nous produisons. Je fais les mets locaux par amour. La santé avant tout et chez moi, ces mets se préparent très naturellement et avec des produits qui ne sont pas importés. J’aime bien le fait que les autres découvrent nos plats, mais je préférais que nous même en tant que gourmantché, nous donnons un accent particulier à la préparation et à la consommation des plats traditionnels comme on le dit. J’invite de ce fait, toute la population de Diapaga de faire de temps à autre un tour dans mon restaurant pour découvrir ce que mangeaient nos ancêtres et nos parents.

GI: Comment avez-vous appris à cuisiner ces plats ?

Je savais le faire avant mais pas comme maintenant. Grâce au Conseil Régional de l’Agriculture de l’Est, J’ai été invitée cette année à proposer une personne pour suivre une formation en transformation et en valorisation de produits locaux et j’ai toute suite sauté sur l’occasion l’année dernière. J’ai séjourné à Fada et à l’issue de cette formation, je suis revenue avec beaucoup de compétences et de savoir-faire dans la valorisation des produits locaux. C’est vrai que c’est un début et cela n’est pas facile à cause de la cherté des produits locaux sur le marché, mais j’arrive à m’en sortir et je suis satisfaite du travail que je fais.

GI : En tant qu’entrepreneure, quel appel lancez-vous aux femmes, surtout aux jeunes filles ?

Quand je vois des jeunes affirmer n’avoir pas de travail, je trouve qu’ils mentent. Avec le métier que je fais, j’arrive à faire des économies. Le problème de notre jeunesse est qu’elle veut se faire de l’argent sans se fatiguer. Elle souhaite être dans des bureaux et ne pas fournir des efforts. Il m’arrive parfois de chercher des jeunes pour des travaux ponctuels sans trouver et pourtant, ils sont toujours prêts à tendre les mains pour bénéficier d’un appui pour le thé dans leurs « QG ». Même en tant qu’adjointe au maire de la commune, je me plais à piler, servir les gens et cuisiner moi-même. Les jeunes ne veulent pas apprendre, ni se fatiguer. J’invite mes sœurs à se départir du gain facile et à aimer faire ce que nos mamans ont fait pour nous nourrir et nous entretenir. Avec une simple poêle, nos mères entretenaient des familles et pourtant, aujourd’hui nous avons plus d’opportunités qu’elle. Quand on s’aime et on a l’amour pour le travail, on ne peut pas chômer. Il y’a toujours un travail à faire et qui rapporte à quelque part. Il suffit juste de se donner les moyens et on y arrive. Actuellement je veux employés jusqu’à cinq (05) jeunes pour le restaurant mais je ne trouve pas. Les jeunes ne veulent pas faire des travaux humiliants et pourtant il n’y a pas de sous métiers comme on le dit.

GI : Quels sont les autres services que vous offrez et comment entrer en contact avec vous ?

Je fais le service traiteur et j’offre aussi des formations pour la préparation des mets locaux. Mon restaurant est situé du coté nord de la ville de Diapaga sur l’axe Diapaga-Kantchari collé aux services des eaux et forêts. Je suis disponible à partager mes expériences et mon savoir-faire avec les autres. Pour ceux qui veulent me contacter, je suis au 70 68 30 49.

Propos receuillis par Van Marcel OUOBA

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