Tanwalbougou : L’Alternative patriotique panafricaine Burkindi pointe du doigt le parti au pouvoir

L’Alternative Patriotique Panafricaine Burkindi (APP/Burkindi) dénonce le comportement irresponsable du parti au pouvoir face aux différentes tueries à travers le pays. Lisez plutôt la déclaration

Drame de tanwalbougou, une horreur de trop !

C’est avec une grande consternation que nous apprenons la mort de douze (12) de nos compatriotes qui étaient détenus par la brigade de gendarmerie de Tanwalbougou dans la Région de l’Est, après leur arrestation intervenue au marché de la localité de Penchangou pour suspicions de faits de terrorisme.
Les circonstances exactes de la mort de ces douze compatriotes font l’objet de déclarations contradictoires de la part du Procureur de Fada N’gourma, d’une part, et celles du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) d’autre part. Si pour le premier le décès de ces détenus est intervenu dans une cellule de la gendarmerie par asphyxie, pour le CISC les douze infortunés auraient été purement et simplement torturés et exécutés. Ils avancent comme preuves de leurs allégations, le fait que les corps étaient dans des emballages en plastique, ils étaient ensanglantés et en état de décomposition avancée.
Par ailleurs, un autre témoignage non moins important vient apporter plus d’éclairage à la manifestation de la vérité, celui de l’honorable Aziz Diallo, député à l’Assemblée Nationale, parent d’une des victimes. Ce dernier, au cours d’une conférence de presse organisée par le CISC le 18 mai, affirmait sans ambages, « mon cousin a été exécuté, il a reçu une balle dans la tête ». Il réaffirmera ces propos le 19 mai devant l’Assemblée Nationale, en présence du Gouvernement.
Ce drame, faut-il le rappeler, fait suite à une longue série de massacres lors d’exécutions extrajudiciaires attribuées soit à certains éléments de nos Forces de défense et de sécurité (FDS) ou à leurs supplétifs (Koglwéogo et Volontaires pour la Défense de la Patrie) dont les plus emblématiques sont : Yirgou (dans le centre- Nord), Barga et Dinguila, Kain, Ouro et Banh (dans le Nord), Secteur 7 de Djibo (dans le Sahel), Barsalogo (dans le centre Nord). Tous ces crimes de masse ont été régulièrement dénoncés par les ONG de droits humains (MBDHP, Human Rights Watch). Pire, toutes les dénonciations montrent à souhait que les victimes de ces drames sont majoritairement des membres de la communauté Peule, dont la stigmatisation ne fait plus l’objet de doute.
Notre parti, l’Alternative Patriotique Panafricaine/ Burkindi, profondément attaché aux valeurs démocratiques et républicaines, s’interroge sur les circonstances exactes de ce énième drame, et s’étonne qu’il soit intervenu non sur un quelconque terrain de bataille, mais pendant que les intéressés étaient entre les mains des Forces de défense et de sécurité. Nous sommes assez perplexes lorsque nous savons que les éléments des FDS sont tout de même assez outillés, en matière de droits humains et de droit des conflits armés, pour apprécier des conditions de détention susceptibles de porter atteinte à la santé et à la vie des détenus. Qu’un tel drame intervienne au sein de leurs locaux ne peut que soulever des interrogations et la situation mérite d’être élucidée diligemment pour rassurer les uns et les autres quant au caractère républicain de nos FDS.
Pire, il nous revient que les victimes ont été enterrées sans autopsie, ni identification de la part de leurs proches, exception faite du cousin du député Aziz Diallo, et par ailleurs petit frère du maire de Mansila. Ce qui est proprement inadmissible dans notre culture et dans nos mœurs et vient encore alimenter les interrogations sur le communiqué du procureur du Faso.
Il convient d’ores et déjà, de prendre la Nation à témoin : une mauvaise gestion de ce drame, et de tous ceux de même nature qui l’ont précédé, est susceptible d’exacerber les profondes frustrations déjà ressenties par les parents des victimes et tous les patriotes épris de paix et de justice, de même qu’elle est susceptible de nous entrainer dans une spirale de violence aux conséquences désastreuses. Certes, nous sommes en guerre contre un ennemi abominable qui a endeuillé nos populations et nos braves FDS qui remportent des victoires. L’honneur de nos FDS que nous soutenons est notre honneur à tous. Elles l’ont prouvé à plusieurs reprises, à l’exemple de la Résistance populaire héroïque au Coup d’Etat du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) de septembre 2015. Quelques aventuriers aux ordres à la gâchette facile ne sauraient ternir ces acquis et nous conduire à un désastre encore plus grand.
Par conséquent, l’Alternative Patriotique Panafricaine/Burkindi, tire sur la sonnette d’alarme et exhorte le gouvernement à sortir de sa torpeur pour assumer dignement son rôle régalien de garant de la sécurité et la protection de la vie de tous les citoyens à travers la prise de mesures fortes, à même de calmer les esprits, d’élucider cette affaire et de rendre justice comme il se doit dans un Etat de droit. La lumière doit également être faite sur l’assassinat du chef de Yirgou, et les massacres des populations civiles qui s’en sont suivis ainsi que tous les autres crimes sus- cités.
Nous attirons l’attention du pouvoir MPP sur le fait que sa responsabilité est directement engagée s’il persiste à créer une dégradation profonde du climat social et un effritement de la cohésion nationale, et s’il décidait à faire de nouveau de l’impunité un mode de gouvernance, cinq ans après l’Insurrection populaire d’octobre 2014. Il est sur cette voie, compte tenu de l’absence d’évolution dans les dossiers judiciaires concernant ces nombreux crimes de sang. Certains régimes en Afrique, et même au Burkina Faso, en ont payé le prix et le parti au pouvoir et ses alliés n’échapperont pas à leur tour s’il venait à s’aventurer sur la piste du non-droit et de la violence gratuite, si insupportables pour le peuple libre du Faso. Tout citoyen a droit à la présomption d’innocence jusqu’à son jugement. La justice doit pouvoir remplir sa mission, dire le droit afin de permettre un meilleur vivre ensemble. La stigmatisation et le délit de faciès sont prohibés par les droits de l’Homme et le droit des conflits armés. Ils doivent être à jamais bannis de nos comportements quotidiens et notamment de ceux des FDS.
Notre appel est adressé également à tous les patriotes et républicains, à toutes celles et ceux qui peuvent se faire entendre, afin que nous conjuguions nos efforts pour garantir à chaque citoyen de notre pays une entière protection de sa personne et de ses biens. Si elle n’est pas que incantatoire, la cohésion sociale est à ce prix.
Nan lara, an sara ! Par le peuple, pour le peuple !

Le Président Adama Coulibaly

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