Mme ZOUNDI/Diari Michel Hortence: La productrice sémancière qui conduit les tracteurs

Ceci est un interview de Gulmu info faites à l’occasion de la première 1ere édition des Journées promotionnelles des semences agricoles améliorées certifiées. Une femme hors du commun, qui vient démontrer que l’agriculture n’est pas une question de dernier choix, mais un business qui nourrit son homme. Allons à la découverte de cette dame agro-sylvo-pastorale qui fait la fierté de tous et originaire de la région de l’Est.

Gulmu Info: Comment on doit vous présenter à nos lecteurs?

Mme Diari: Je suis Madame Zoundi née Diari Michelle Hortence. Je suis semencière et piscicultrice dans la province de Sissili, et éleveuse dans la zone de Gonsé.

Gulmu Info: Pourquoi le choix de l’agriculture et non un autre métier?

Mme Zoundi: Née d’un père agriculteur, j’ai passé la grande partie de mon enfance dans les champs. C’est la recette de la vente des cultures qui payait ma scolarité. Aujourd’hui comptable de formation, j’ai préféré retourner à la terre que plutôt être dans un bureau et travailler dans des conditions autre que l’éducation que j’ai reçu de mon père.

Gulmu Info: Qu’est-ce qui vous a fait plus aimer la terre à la comptabilité?

Mme Zoundi: Être toujours assise dans un bureau n’est pas évident pour moi. En voyageant, j’ai découvert que l’agriculture permet de lutter contre l’insécurité alimentaire. Et en tant que mère, j’ai compris qu’il fallait que des personnes acceptent de produire pour que des gens se nourrissent. Compte tenu de fait que c’est ma passion, j’ai d’office su que je pouvais réussir dans ce domaine plutôt que dans un autre. J’ai donc depuis 2007 décidé avec l’accord de mon mari que je remercie au passage et de ma famille d’embrasser ce domaine tant porteur mais délaissé par les jeunes.

Gulmu Info: Quelles sont vos réalisations depuis que vous aviez embraser ce domaine?

Mme Zoundi: J’ai commencé par être un simple cultivateur comme tout autre cultivateur. Au fil des années, j’ai essayer de diversifier mes activités en basculant dans d’autres domaines tels que l’élevage, la pisciculture et l’aviculture. De nos jours, je suis agro-businesswoman employant plus de 50 jeunes en saison pluvieuse, spécialement constitués d’élèves en vacance provenant de Koudougou. Formée par mon oncle qui était tractoriste, j’ai eu égard, des difficultés que rencontrait mon tracteur pendant les cultures, décidé de conduire moi-même mon tracteur. Ce qui m’a permis de réduire le coût d’entretien de celui-ci mais aussi, de mieux comprendre le fonctionnement des tracteurs. Aujourd’hui, je fais partie des rares femmes dans ce pays qui cultivent elles-mêmes leurs champs avec un tracteur.


Gulmu Info: Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre activité?

Mme Zoundi: Nous avons deux saisons au Burkina Faso. Ce qui constitue un grand handicap pour tous les producteurs du Burkina. Il est très difficile voir impossible de cultiver en période sèche. Le manque d’eau dans plusieurs localité malgré les tentatives d’installation de forage sont un frein à notre activité qui consiste à cultiver pour nourrir le pays. De même, le patrimoine constitué des résidus de l’agriculture est difficilement exploitable par nous les producteurs compte tenue du fait du manque d’accompagnement dans la transformation par nos gouvernants. J’ai payer deux perforations pour la recherche d’eau sans succès dans mon champ. Je suis donc obligée pendant la période sèche de vaquer à d’autres occupations d’où la mise en place de mon poulailler et de ma ferme piscicole. Je suis obligé d’avoir plusieurs domiciles à cause de la pénurie d’eau.

Gulmu Info: Pensez-vous que l’agriculture est le domaine des sans espoirs dans la vie professionnelle?

Mme Zoundi: Ceux qui le pensent se trompent énormément. Dans l’agriculture, on peut bien vivre. Dans toute la chaîne de production, si on s’y prend bien, on peut gagner énormément. Aujourd’hui je suis semencière. Je vends les semences aux autres producteurs. J’ai un tracteur qui m’aide à cultiver et que je mets en location pour les champs voisins qui me rapporte suffisamment pour subvenir aux besoins du champs en période de culture. On peut bien vivre avec l’agriculture. A la fin des récoltes, j’ai une richesse énorme constituée des fruits de la récoltes et des résidus des productions que sont le tiges, les feuilles et autres résidus agricoles qui représentent de l’or pour nos éleveurs. Il y’a du travail au Burkina, mais les gens choisissent le travail. ce qui met le pays en arrière. Tout le monde veut être dans un bureau où être dans un bureau. la terre ne ment pas, elle paie son homme. Nos pères, nos grands parents ont vécu des fruits de la terre, et si nous voulons continuer à vivre sur cette terre, il est de notre devoir de continuer à produire ce qui nous permet de survivre.

C’est cette façon de penser qui fait que nous avons des difficultés pour trouver de la main d’oeuvre dans les fermes et les champs. Tous les jeunes préfèrent rester en ville pour boire du thé plutôt que de rejoindre les parents dans les champs et aider à la production des aliments.

Gulmu Info: Quelles solutions proposez-vous pour faire face à la crise alimentaire qui menace notre pays dans son existence ?

Mme Zoundi: Il n’y a pas de solutions miracles. La solution se trouve dans la terre. je lance un appel aux jeunes. il n’y a pas de sots et de sous métiers. L’agriculture est un métiers passionnants et toutes les personnes qui y sont en trouve leurs compte. Nos parents au village qui pratique l’agriculture traditionnelle peuvent en témoigner. Avec cette activité, ils subviennent aux besoins de leurs familles et organisent beaucoup d’événements. La crise alimentaire au Burkina est le résultat de la recherche effrénée de l’argent à travers les cultures de rentes que sont le cotons, le sésame et autre que l’Etat subventionne à coup de millions au détriment des cultures vivrières. Il est frustrant de voir de nos jours pour un pays à plus de 78% d’agriculture demandé l’aide des pays occidentaux pour subvenir aux besoins alimentaires du pays. La solution consistera à vulgariser la culture des produits dont nous consommons par nos agriculteurs et à accompagner ces producteurs comme on le fait pour la culture du coton ou du sésame. l’Etat se doit de financer la recherche pour la mise au point de semences qui répondent aux aléas climatiques actuelles. C’est la seule solution pour répondre efficacement à la crise alimentaire dont souffre le Burkina Faso.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *