Tahirou Barry, ancien député et ministre en charge de la culture, homme politique et citoyen engagé et critique du débat national, a adressé une nouvelle lettre ouverte au capitaine Ibrahim TRAORE, suite à celle du 6 février 2023. Dans cette missive, il interpelle le Président sur la récente vague d’arrestations pour délits d’opinion, évoquant particulièrement le cas préoccupant d’Alain Traore. Barry souligne l’importance de la liberté d’expression, prônant une approche qui favorise le dialogue et la réflexion constructive plutôt que la répression.
Il met en garde contre les dangers de silencer les voix critiques, rappelant que le silence peut engendrer des rumeurs néfastes, surtout en période de crise. En appelant le Président à prêter attention aux ressentiments du peuple au-delà de son cercle rapproché, Barry l’encourage à agir avec sagesse et à embrasser la vérité pour le bien de la nation. Lisez l’intégralité de la lettre
Lettre ouverte au capitaine IB,
C’est ma 2e lettre ouverte à votre attention après celle du 06 février 2023 sur cette même page. Je voudrais vous parler avec la même franchise qui m’a toujours guidé quand il s’agit d’intervenir dans le débat national au nom de mon devoir citoyen.
Je voudrais vous dire sincèrement que la vague d’arrestations en cours depuis quelques jours pour des motifs présumés de délits d’opinion vous dessert fortement. L’emblématique cas de Alain Traore dit Alain Alain suscite toujours vive interrogations.
Je pense qu’une critique qui n’est ni injures ni diffamation et qui ne fait pas l’apologie de la haine et du terrorisme peut être tolérée.
Si un dirigeant peut contrôler ou restreindre la liberté d’expression ,il ne pourra jamais empêcher la liberté de pensée ou d’opinion qui en est son corollaire.Donc,si on veut susciter l’adhésion d’un citoyen, il faut plutôt agir sur ses pensées profondes à travers les débats,l’information crédible, la sensibilisation ou la conscientisation et non sur l’expression de ses pensées.
Si ,en raison du climat d’inquiétude qui gagne le monde de la presse et au-delà celui des intellectuels,des voix critiques s’éteignent, elles ne laisseront place qu’aux rumeurs folles et alarmistes, à l’intox qui font plus de ravages dans un contexte de crise comme le nôtre.
Le silence de ceux qui ont le savoir ou la sagesse crée un vide ,un manque à notre enrichissement collectif en tant que nation.
Tendez l’oreille,écoutez et décrypter tous les échos et signes non verbaux, au-delà de votre palais dans les kiosques, les grins, les salons et vous serez édifié dans la vérité car « mieux vaut une vérité amère qu’un doux mensonge » nous enseigne l’adage. Il suffit dans les échos récoltés, d’extraire ce qui est utile pour vous instruire davantage et vous permettre de persévérer dans l’adversité en évitant les conflits inutiles dans un environnement déjà fragile.
N’écoutez pas exclusivement vos proches et votre entourage qui pourraient vous cacher des vérités cruelles à l’image de ceux de Blaise Compaore au soir de l’insurrection populaire ou de Raspoutine en Russie dans sa relation mystico religieuse avec le Tsar Nicolas II.
Si une critique émet une opinion qui est truffée de mensonges ,elle n’ira nulle part car « le mensonge a les jambes courtes » nous dit l’adage russe.
Par contre, si votre action est noble et salutaire, elle sera spontanément applaudie et acclamée et laissera sans voix les adeptes de la critique facile. C’est d’ailleurs ce qui rendra votre fierté plus élégante et glorieuse.
Que Dieu bénisse et protège le Faso