Fada N’Gourma: Sans autorisation, la communauté peulh de l’Est a marché pour le droit à la vie
Une manifestation contre la stigmatisation, les violences ciblées et le terrorisme a lieu ce 13 juin dans les artères de la ville de Fada. Le rassemblement de plusieurs milliers de personnes a eu lieu, répondant à l’appel de la communauté peulh de l’Est, alors qu’il est interdit de manifester pour raison sanitaire.
La communauté Peulh de Fada N’Gourma se dit se trouvent aujourd’hui entre le marteau et l’enclume. Elle dit ne plus savoir à quel saint se vouer. Elle se dit victime de la situation d’instabilité sécuritaire dans la région de l’Est. Pour résoudre ce problème ils ont initié une marche pacifique pour dénoncer l’insécurité, l’injustice et la stigmatisation dans la région de l’Est.
Parti du marché à bétail, la foule sortie nombreuse se faisait compter jusqu’à la place des martyrs. Pour eux, « Il est primordial pour les fils et filles de la région de l’Est et du Burkina Faso de bien vouloir protéger le jardin de la cohésion sociale et du vivre ensemble qui jadis, faisait notre force et faisait de nous un bel exemple africain. »
Dans le mot qu’il devait remettre au gouverneur et dont nous avons eu copie, cette marche a pour objectif de :
- Dire non à la stigmatisation ;
- Rappeler à toutes et à tous que tous les Peulhs ne sont pas terroristes et tous les terroristes ne sont pas Peulhs et ces derniers n’ont d’ailleurs ni Ethnie ni Religion ;
- Dire non aux arrestations arbitraires, aux exécutions sommaires et extra-judiciaires dans le cadre des opérations de lutte contre le terrorisme ;
- Dire non aux enlèvements et disparitions forcées ;
- Dire non aux interdictions d’une tierce communauté l’accès à certains marchés, certains axes routiers dans certaines localités et même la santé ;
- Exiger une commission d’enquête indépendante et rigoureuse telle que l’a promis le président du Faso suite à la mort des douze détenus à la Gendarmerie de Tanwalbougou le 12 mai 2020, et aussi sanctionner avec toutes la rigueur de la loi des acteurs qui seront impliqués et des complices ;
- Exiger l’arrêt immédiat des assassinats de masse, assassinats ciblés et des crimes de guerre et nous invitons tous les Burkinabè sincères à continuer à collecter les informations afin de pouvoir traduire tous les responsables et leurs commanditaires devant la juridiction compétente ;
- Exiger vérité et justice pour tous les crimes de masse dans la région de l’Est tels que Tawalbougou, Natiaboani, Kompienbiga,Mansila,Tambiga,Pendima,Paldoube etc ; Exiger une réorganisation et un encadrement rigoureux des VDP tout en procédant à un recrutement impliquant toutes les communautés locales ;
- Exiger du gouvernement une prise en charge convenable des personnes déplacées internes incluant l’alimentation, les soins, le logement et l’éducation ;
- Exiger du gouvernement des mesures concrètes pour permettre le retour effectif des personnes déplacées dans leurs villages respectifs.
Arrivés au gouvernorat, la police les y attendait. Après des échanges avec ces derniers, une entente a été trouvée. Les manifestants, voulant traduire leur démarche pacifique en acte aux forces de défense et de sécurité (FDS), ont donné de l’eau aux fds qui ont refusé le geste.
Une invite a donc été donnée aux manifestants de revenir le lundi avec une délégation pour remettre le message au gouverneur ! Les manifestants ont donc replié vers le point de départ pour la lecture du message et remercier les personnes qui ont bien voulu marcher.
Gulmu Info