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Édito : Vers une Nouvelle ère pour le Sahel

La création de la Confédération des États du Sahel (AES) et la sortie de certains pays de la CEDEAO marquent un tournant décisif dans l’histoire politique et économique de la région. Dans un contexte où les défis sécuritaires, économiques et sociaux se multiplient, cette initiative soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir des relations interétatiques en Afrique de l’Ouest. Alors que la CEDEAO a longtemps été perçue comme un pilier d’intégration régionale, la décision du Mali, du Niger et du Burkina Faso de se détourner de cette organisation pose la question de la pertinence des structures existantes face aux réalités contemporaines.

Un Contexte Historique

La CEDEAO, fondée en 1975, a été créée dans le but de promouvoir l’intégration économique et la coopération entre ses États membres. Cependant, au fil des décennies, cette organisation a été confrontée à des défis majeurs, notamment des crises politiques, des coups d’État et des tensions interétatiques. La situation sécuritaire dans le Sahel, exacerbée par la montée du terrorisme et des conflits armés, a mis en lumière les limites de la CEDEAO à répondre efficacement aux besoins de ses membres.

Les Déceptions de la CEDEAO

Les récentes crises politiques, notamment au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, ont révélé une incapacité de la CEDEAO à gérer les transitions politiques et à garantir la stabilité. Les sanctions imposées par l’organisation à des États membres à la suite de coups d’État ont souvent été perçues comme des mesures punitives, sans véritable impact sur le retour à l’ordre constitutionnel. Cette situation a conduit certains pays à remettre en question leur adhésion à la CEDEAO, estimant que l’organisation ne répondait plus à leurs attentes.

La Naissance de la Confédération des États du Sahel

Face à ce constat, la création de la CES apparaît comme une réponse pragmatique aux défis spécifiques auxquels sont confrontés les pays du Sahel. Cette confédération vise à établir une coopération renforcée entre ses membres, en mettant l’accent sur la sécurité, le développement économique et la gestion des ressources naturelles. En se regroupant au sein de la AES, ces États cherchent à construire une alternative viable à la CEDEAO, en s’appuyant sur une vision commune et des intérêts partagés.

Les Objectifs de la CES

L »ES se fixe plusieurs objectifs ambitieux :

  1. Renforcement de la Sécurité : Face à la menace djihadiste, l’AES aspire à créer un cadre de coopération militaire et sécuritaire entre ses membres. Cela inclut le partage de renseignements, la formation conjointe des forces armées et la mise en place d’opérations coordonnées contre les groupes armés.
  2. Développement Économique : L’AES entend promouvoir l’intégration économique en facilitant les échanges commerciaux et en développant des infrastructures régionales. Cela pourrait inclure la création d’un marché commun et la mise en place de projets d’infrastructures transfrontaliers.
  3. Gestion des Ressources Naturelles : Les États du Sahel sont riches en ressources naturelles, mais leur gestion est souvent source de conflits. L’AES vise à établir des mécanismes de coopération pour une utilisation durable et équitable de ces ressources.

Les Enjeux de la Sortie de la CEDEAO

La décision de sortir de la CEDEAO n’est pas sans conséquences. Elle soulève des questions sur la légitimité et la viabilité de l’AES, ainsi que sur les implications pour les relations entre les États membres de la CEDEAO et ceux de l’AES.

Risques de Fragmentation

L’un des principaux risques associés à cette sortie est la fragmentation accrue des relations interétatiques. En se retirant de la CEDEAO, les États du Sahel pourraient créer des tensions avec leurs voisins, qui continuent de soutenir l’organisation. Cela pourrait conduire à une polarisation des relations régionales, où les pays du Sahel se retrouveraient isolés face à une CEDEAO qui pourrait renforcer ses mécanismes de contrôle et de sanction.

La Question de la Légitimité

La légitimité de l’AES sera également mise à l’épreuve. En tant que nouvelle entité, elle devra démontrer sa capacité à répondre aux besoins de ses membres et à établir un cadre de coopération efficace. Cela nécessitera des efforts significatifs en matière de gouvernance, de transparence et de respect des droits de l’homme. Les pays membres devront également s’engager à respecter les principes de solidarité et de coopération, sans quoi l’AES risquerait de devenir une simple coquille vide.

Une Réponse aux Défis Contemporains

Malgré les risques, la création de la CES représente une opportunité unique pour les pays du Sahel de redéfinir leur destin. En s’unissant autour d’intérêts communs, ces États peuvent mieux faire face aux défis contemporains, qu’ils soient sécuritaires, économiques ou environnementaux. L’AES pourrait ainsi devenir un modèle de coopération régionale, axé sur les réalités locales et les besoins spécifiques de ses membres.

L’Importance de la Coopération Internationale

Pour réussir, l’AES devra également s’inscrire dans un cadre de coopération internationale. Les pays du Sahel ne peuvent pas affronter seuls les défis qui se posent à eux. Il est essentiel d’établir des partenariats avec des acteurs internationaux, qu’il s’agisse d’organisations régionales, d’États ou d’agences humanitaires. Cette coopération pourrait prendre la forme de programmes d’aide au développement, de formations pour les forces de sécurité ou de soutien logistique.

L’Engagement des Populations

Enfin, la réussite de la CES dépendra de l’engagement des populations. Il est crucial que les citoyens des États membres se sentent impliqués dans ce processus de construction régionale. Cela nécessite une communication transparente, un dialogue inclusif et des mécanismes de participation citoyenne. Les gouvernements doivent travailler à renforcer la confiance des populations envers leurs institutions, afin de créer un environnement propice à la coopération.

La création de la Confédération des États du Sahel et la sortie de la CEDEAO ouvrent une nouvelle page dans l’histoire de la région. Si cette initiative présente des risques et des défis, elle offre également des perspectives prometteuses pour un avenir plus stable et prospère. En s’unissant autour d’intérêts communs, les pays du Sahel peuvent espérer surmonter les obstacles qui se dressent devant eux. La route sera semée d’embûches, mais avec une vision claire et un engagement collectif, il est possible de construire un avenir meilleur pour les générations à venir.

Van Marcel OUOBA, Gulmu Info

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