Double chefferie du Nungu : La médiation du Conseil Supérieur de la Chefferie Coutumière et Traditionnelle accouche d’une souris

La journée du 16 Juillet 2020 a été une étape de plus dans le processus de désignation du 32ème roi du Gulmu. Venus rencontrer les membres du Conseil Supérieur de la Chefferie Coutumière et Traditionnelle (CSCCT) à Ouagadougou, les émissaires des deux rois de Fada sont repartis plus divisés qu’ils n’étaient venus. Tandis que le camp de Hampanli revendique sa reconnaissance par les membres du dit conseil, celui de Untaamba affirme que le conseil prône un dialogue. Mais que s’est-il réellement passé ?

L’origine de la venue des émissaires des rois à Ouagadougou

Depuis l’avènement de la double chefferie du Nungu, chaque roi utilise sa diplomatie pour se faire confirmer comme seul roi du Gulmu. Ceci a entrainé une série de nomination et d’intronisation de ministres qui s’en est suivi avec des cérémonies d’allégeances. A la suite, plusieurs émissaires ont été envoyés vers les autres rois du Burkina pour demander un soutien comme cela se faisait dans les temps anciens. Ne pouvant plus aller en guerre chacun se bat comme il peut pour avoir l’aval et l’amitié de ses pairs.

A la suite de ces multiples visites, le CSCCT a bien voulu arrêter ce balai des princes et notables du Gulmu dans leurs différents palais. Une rencontre a donc été initiée à cet effet. Le message étant clair, selon une personne qui a assisté à la rencontre « Aller s’entendre le plus tôt possible pour désigner qui va occuper la place du Gulmu dans ce Conseil. ».

Quel est le rôle du CSCCT ?

Le CSCCT est un cadre de concertations entre rois, chefs coutumiers et émirs du Burkina Faso. Il œuvre pour la promotion de la diversité culturelle, la paix, la tolérance et la cohésion sociale au sein de la population burkinabè. C’est juste un regroupement de rois, de chefs et d’émirs et n’a aucune compétence pour confirmer ou infirmer un roi ou un chef.

Pourquoi le camp du roi Hampanli a-t-il jubilé avant le retour de ses émissaires ?

Venus en forte délégation pour rencontrer le Conseil, selon une source proche de la famille, c’était la nième fois que les émissaires du roi Hampanli venaient dans la cour du Moogho Naaba. Ayant été reçus une première fois lors de l’invitation à la cérémonie d’intronisation, et aussi plusieurs fois pour négocier le soutien de ce dernier, un proche de la famille du Moogho Naaba affirme que cette fois-ci, ils venaient convaincus que l’étape de la confirmation était enfin arrivée. Très vite des rumeurs ont parcouru les réseaux sociaux après la sortie des émissaires du cadre de concertation, que le roi Hampanli venait d’être confirmé par ses pairs. Une rumeur vite répandue qui a fait des heureux dans la ville de Fada. Très vite, les sujets du roi Hampanli ont commencé à jubiler et la fête a vite pris.

Ayant reçu les informations selon lesquelles le roi Hampanli avait été confirmé comme 32ème roi du Gulmu, la délégation du roi Untamba, très touché dans leur orgueil propre ont dû faire arrêter le car qui les convoyait à Fada N’Gourma pour enregistrer une vidéo qui est actuellement sur les réseaux sociaux.  Dans cette vidéo, on entend clairement les émissaires du roi Untaamba affirmer que « Ils nous ont demander d’aller nous entendre pour désigner un seul roi qui viendra siéger au conseil », mais aussi en langue gourmantché que « Donc ils nous invitent à rentrer pour que le meilleur gagne. »

Qu’est-ce qui risque de se passer ?

Après ce qui a été vu dans la vidéo, il ressort clairement que la guerre est maintenant ouverte entre les deux camps. Si rien n’est fait dans un bref délai pour calmer les esprits d’une part et de l’autre pour pousser les deux camps au dialogue, la ville de Fada risque de connaitre une division jamais égalée. Des fils d’une même famille ne se parleront plus et à la moindre occasion, l’affrontement sera inévitable. A en croire les émissaires de Untamba dans la vidéo, le mot d’autre de guerre est donné. Que le plus fort triomphe. Cette situation est déplorable et n’aurait pas dû arriver.

Qu’est-ce qui peut être fait ?

Cette rencontre n’aurait jamais eu lieu. Le royaume du Gulmu est souverain et autonome. Il ne reçoit son autorité de nulle part. En effet, ce n’est pas la première fois qu’une situation pareille arrive et la nature a toujours fait un choix. En effet dans plusieurs cantons du Gulmu, comme les villes de Diapaga, Bogandé et Coalla, nous avons assisté à la double intronisation il y’a de cela une dizaine d’années. Mais au fil du temps, sans que les populations ne s’y mêlent, et ne se battent, l’un des deux subit le courroux des mânes comme la tradition le veut.

Il serait donc imprudent que des personnes externes et extérieurs aux réalités et aux coutumes de la région de vouloir trancher. Une bataille est lancée entre les protagonistes, elle aura une fin heureuse dans un délai que les dieux et les mânes des ancêtres auront décidé a affirmé un roi du Gulmu lors d’une interview accordée à notre rédaction.

Van Marcel OUOBA, Gulmu Info

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