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Dénomination des nouvelles régions : des incohérences dans la transcription pointées du doigt

L’annonce du nouveau découpage administratif du Burkina Faso, marqué par la création de nouvelles régions et l’adoption de noms endogènes pour toutes les circonscriptions, a été globalement saluée par l’opinion publique comme une avancée dans la valorisation des identités locales. Mais un débat de fond émerge : la forme orthographique de ces noms dits endogènes. Dans une réflexion largement relayée sur les réseaux sociaux, le journaliste Adjima David Thiombiano s’interroge sur la cohérence du processus de transcription des noms retenus. Selon lui, le gouvernement a privilégié une transcription d’inspiration française, au détriment des normes nationales établies par les linguistes burkinabè.

« On a écrit Djelgodji au lieu de Jelgoji, Dyamongou plutôt que Jamoangu, Goulmou au lieu de Gulmu », écrit-il, dénonçant ce qu’il qualifie d’incohérence linguistique dans un contexte où l’État promeut la « défrancisation » et l’officialisation des langues nationales.

Un paradoxe pointé du doigt

Cette critique soulève une contradiction : comment justifier une francisation des toponymes au moment même où le pays s’engage dans une dynamique de revalorisation des langues nationales ? Depuis 2023, le Burkina Faso dispose d’un ministère dédié à la promotion des langues nationales et a engagé une vaste campagne de formation à la transcription des langues pour les membres du gouvernement et les agents de l’administration publique.

Or, comme le rappelle Adjima David Thiombiano, l’État lui-même a validé des règles de transcription qui servent aujourd’hui à l’alphabétisation de milliers de Burkinabè. Pourquoi alors les ignorer au moment de fixer l’identité officielle des régions et provinces ?

« À quoi servent les codes de transcription si l’État ne les applique pas lui-même ? », questionne-t-il.

Un appel à correction… avant qu’il ne soit trop tard

Pour le journaliste, il n’est pas trop tard pour bien faire. Il invite les membres de l’Assemblée législative de transition (ALT) à se saisir de la question et à faire appel aux linguistes avant d’adopter définitivement les textes relatifs à ces nouvelles dénominations.

« J’encourage le législateur à recourir à l’éclairage des linguistes pour mettre la forme qui convienne et qui valorise les codes de transcription que l’État lui-même a adoptés », conclut-il.

Une question identitaire et politique

Au-delà de l’aspect purement linguistique, ce débat touche à la symbolique profonde de la souveraineté culturelle. En nommant ses régions et provinces avec des noms locaux, le Burkina Faso veut réaffirmer son identité. Encore faut-il que cette réappropriation ne passe pas par des filtres linguistiques hérités de l’ancien système colonial, ce qui pourrait nuire à l’authenticité du processus.

Van Marcel OUOBA, Gulmu Info

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