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Assainissement à Fada N’Gourma : la mairie mise sur les associations locales pour sauver les latrines publiques

Face à la dégradation avancée des latrines publiques, la commune de Fada N’Gourma a entrepris depuis quelques années un travail de fond : confier la gestion à des associations locales formées à l’entretien et à l’assainissement. Une initiative saluée, bien que les résultats restent encore inégaux sur le terrain.

Dans les marchés, les gares ou les places publiques de Fada N’Gourma, les latrines sont longtemps restées dans un état déplorable, entre manque d’eau, insalubrité chronique et absence d’entretien. Ce constat n’est plus ignoré par les autorités communales. Depuis fin 2023, la mairie a lancé un processus de responsabilisation communautaire, misant sur les associations locales comme leviers de transformation.

Des associations locales formées à la gestion

Concrètement, la mairie a identifié plusieurs blocs de latrines stratégiques, au marché central, à la gare routière, dans certains secteurs périphériques, et les a confiés à des groupements de jeunes ou de femmes, avec un appui en formation et en matériel minimum.

Ces associations ont bénéficié de sessions de formation de trois jours sur les règles d’hygiène, la gestion des fluides, la planification du nettoyage, mais aussi sur la tenue d’une caisse et la transparence financière. « Avant, on ne savait pas comment gérer. Maintenant, on a un cahier, on note les entrées, on fixe les tours de nettoyage, et on fait des réunions tous les mois », témoigne Idrissa LAGAFOU, président des gestionnaires des latrines publiques de Fada.

Des améliorations visibles… mais localisées

Les résultats commencent à se faire sentir. À la gare routière, les toilettes sont désormais nettoyées deux fois par jour, avec la présence permanente d’un agent. Une petite contribution de 50 FCFA est demandée, utilisée pour acheter du savon, du javel et payer un veilleur.

Dans d’autres endroits, comme au marché de secteur 11, des bacs à lavage des mains ont été installés, avec l’aide de la mairie et de partenaires comme SNV. « Ce n’est pas encore parfait, mais on voit le changement. Avant, les gens fuyaient ces toilettes. Aujourd’hui, on peut y aller sans peur de tomber malade », reconnaît Idrissa, commerçant de vêtements au marché.

Des défis persistants : eau, suivi, financement

Malgré ces progrès, la gestion reste fragile et inégale selon les zones. Certains groupes manquent encore de rigueur, et le suivi municipal reste irrégulier. L’approvisionnement en eau demeure également une contrainte majeure : plusieurs latrines ne sont toujours pas raccordées à un réseau d’eau potable. « On ne peut pas former les gens et les laisser sans outils. Il faut un accompagnement permanent, sinon on retombe vite dans l’abandon », alerte Aïssata Ouédraogo, animatrice dans une ONG d’hygiène communautaire.

La mairie en est consciente. Elle plaide pour l’élargissement du programme à d’autres quartiers, mais reste limitée par son budget. « Nous avons besoin de partenaires. Ce que nous avons lancé, c’est une base. Maintenant, il faut l’agrandir, la renforcer », insiste Monsieur LAGAFOU.

Une dynamique à encourager

Pour plusieurs observateurs locaux, cette stratégie de transfert communautaire est une option viable, à condition de s’inscrire dans la durée. En responsabilisant les habitants, la mairie favorise une gestion plus adaptée, plus proche, plus durable. « Les infrastructures ne peuvent pas survivre sans implication locale. Ce modèle, s’il est bien suivi, peut devenir une référence pour d’autres villes du Burkina », analyse Issaka Kaboré, un habitant de la ville de Fada.

La volonté affichée par la mairie de changer les choses, en confiant les rênes à des acteurs locaux formés et encadrés, marque un tournant. Il reste présentement à renforcer cette dynamique, à l’étendre à d’autres quartiers et à pérenniser les efforts. Car au-delà de la propreté, c’est la dignité urbaine qui est en jeu.

Issa THIOMBIANO, Gulmu Info

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