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À la découverte de la vieille ville de Fada : une mémoire vivante au cœur de la région de l’Est

Dans le cadre du Mois du patrimoine, ce samedi 17 mai 2025, une cinquantaine de personnes composés de responsables administratifs, partenaires techniques, financiers et citoyens curieux ont participé à un circuit touristique unique à travers la vieille ville de Fada N’Gourma, guidés par Yempabu Noel Combari, guide national de tourisme et président de l’association Vivre au village (VIVAVI). L’objectif ? Redonner vie à l’histoire locale et reconnecter les populations à leur patrimoine culturel immatériel et matériel.

Un parcours riche en symboles et en mémoire

La visite a débuté par une halte dans l’une des salles polyvalentes les plus modernes du pays, réalisée par le PUDTR (Projet d’urgence de développement territorial et de résilience). Ce bâtiment impressionnant, illustre le potentiel de développement de la région à travers des infrastructures durables et accessibles.

Salle polyvalente de Fada
Salle polyvalente de Fada

Mais très vite, le groupe s’est plongé dans le cœur historique de la ville, là où la mémoire ancestrale de Fada se transmet encore par les lieux et les récits.

L’arbre mystique : porte d’entrée spirituelle et culturelle

Symbole fort et point de départ du circuit patrimonial, l’arbre mystique de la vieille ville est présenté comme un lien entre passé et présent. « C’est une porte d’entrée pour expliquer aux gens ce côté de l’africain », explique le guide Combari, évoquant la profondeur spirituelle de la culture Gulmancéma.

Le groupe autours de l'arbre mystique avec les explications du guide
Le groupe autours de l’arbre mystique avec les explications du guide

Cet arbre, au-delà de son aspect végétal, est un marqueur identitaire pour les habitants. Il incarne la transmission orale, les rites, les traditions et le lien avec les ancêtres.

Un voyage au cœur des pratiques traditionnelles

Les visiteurs ont également pu découvrir le fétiche sacré du roi Tandjama, témoin vivant des pratiques cultuelles de la royauté traditionnelle. Ces symboles, rarement accessibles au grand public, ont permis de mieux comprendre la religion des Gulmancema, leur rapport à la nature, au sacré et à la vie communautaire.

Séance de démonstrations des pratiques traditionnelles gulmance
Séance de démonstrations des pratiques traditionnelles gulmance
Séance de démonstrations des pratiques traditionnelles gulmance

Parmi les autres haltes marquantes : le puits de De Gaulle, un site chargé d’histoire, témoin du passage du Général en terre gourmantché, et le Baobab sacré, autre repère majeur de la spiritualité locale.

Le puit de Degaule
Le puit de Degaule

Un retour sur les traces de la résistance

Moment d’émotion et de fierté collective : la visite du site de Djapantougou, là où, en 1895, les hommes de Diapangou ont opposé une farouche résistance aux colons. Ce lieu emblématique, trop souvent oublié, raconte l’histoire d’un peuple debout, refusant la soumission. « Ce site, c’est notre mémoire combattante. C’est ici qu’on comprend que la région de l’Est a aussi écrit les pages de la résistance burkinabè », souligne Combari.

Savoir-faire locaux et dynamiques communautaires à l’honneur

Au-delà des sites historiques, les visiteurs ont été invités à des ateliers pédagogiques vivants, comme celui sur la fabrication du Soumbala, produit traditionnel aux multiples vertus, utilisé dans la cuisine comme dans la médecine. L’activité a permis de redonner de la valeur à un savoir-faire continuellement transmis de génération en génération, mais parfois menacé de disparition.

Autre moment fort : la rencontre avec les tapeurs de sable, artisans qui façonnent le quotidien avec une technicité héritée du passé. Ces échanges, riches et interactifs, ont souligné l’importance de valoriser les métiers traditionnels dans le processus de développement local.

Quand la nature devient moteur d’emploi et d’espoir

Le circuit s’est conclu par la visite de deux sites modernes aux racines profondément rurales :

  • La ferme de Naba Arsène, une exploitation modèle, véritable vitrine du potentiel agricole de la région ;

  • Le centre agroécologique de l’association Tinba, décrit par le guide comme « un pan de la nature restauré », devenu aujourd’hui un employeur majeur dans la région et un modèle de réussite locale.

Ces exemples incarnent la fusion entre tradition et modernité, et montrent comment le patrimoine peut aussi être moteur d’innovation et de création d’emplois.

Un appel à réappropriation lancé aux familles

Organisé dans le cadre du Mois du patrimoine, ce circuit s’inscrit dans l’appel national lancé par le Président de la Transition, encourageant chaque famille à (re)découvrir les richesses locales. Une initiative soutenue par la délégation spéciale régionale, qui voit dans ces activités une manière de renforcer la cohésion sociale, l’identité collective et l’éducation citoyenne. « Nous avons voulu offrir ce circuit aux corps constitués, mais aussi à tous ceux qui aiment leur patrimoine. Il est temps que les Burkinabè regardent leur culture avec fierté et s’approprient leur histoire », insiste Yempabu Noel Kombari.

Ce circuit dans la vieille ville de Fada n’est pas qu’une promenade touristique. C’est une expérience identitaire, un retour aux sources, un acte de transmission, et une promesse pour l’avenir. En remettant au goût du jour les lieux, les récits et les savoirs oubliés, la région de l’Est donne une leçon d’attachement à son  un patrimoine qui, loin d’être figé, continue d’éduquer, d’inspirer et de faire vivre.

Issa THIOMBIANO, Gulmu Info

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