Burkina Faso : une nouvelle loi pour mieux encadrer les associations
Le Burkina Faso vient de franchir un nouveau cap dans la gestion de ses associations. Une nouvelle loi, adoptée le 23 juillet 2025 par l’Assemblée législative de transition, veut assainir le fonctionnement du secteur associatif et prévenir les abus. Le ministère en charge de l’Administration territoriale a présenté les grandes lignes de cette réforme lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi à Ouagadougou.
Un encadrement plus strict pour plus de transparence
Intitulée loi n°011-2025/ALT, cette réforme introduit plusieurs mesures fortes. Elle vise à renforcer la transparence, éviter les conflits d’intérêts et contribuer à la lutte contre le terrorisme, dans un contexte national marqué par l’insécurité et la crise humanitaire.
Parmi les principales innovations :
- Les ministres, députés et présidents d’institutions ne pourront plus diriger d’associations, pour éviter les chevauchements entre responsabilités publiques et activités associatives.
- Les associations étrangères devront désormais avoir un responsable financier et un représentant burkinabè, vivant au Burkina Faso. Objectif : mieux suivre les financements et éviter tout usage suspect.
Un secteur à moraliser, pas à censurer
Pour le gouvernement, il ne s’agit pas de restreindre les libertés, mais de protéger le tissu associatif contre les infiltrations malveillantes et les dérives. « Cette loi va nous aider à mieux contrôler les flux financiers et à renforcer la sécurité nationale », a déclaré Jean-Pierre Vogna, directeur général de l’Administration du territoire.
Le ministère rassure : la liberté d’association reste garantie par la Constitution. Mais il est désormais demandé aux associations plus de rigueur dans la gestion, la gouvernance et la transparence.
Entre vigilance et espoir
La société civile burkinabè joue un rôle crucial dans le développement, la solidarité et la défense des droits. Mais pour rester crédible, elle doit aussi faire preuve d’exemplarité. La nouvelle loi est donc perçue comme un appel à plus de responsabilité.
Certaines voix critiques s’inquiètent toutefois d’un risque de contrôle excessif sur les associations, surtout en période de transition politique. L’équilibre entre liberté citoyenne et exigence sécuritaire devra donc être surveillé de près dans les mois à venir.
Une nouvelle ère associative
Cette loi s’inscrit dans une tendance régionale plus large, où plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest cherchent à mieux encadrer les ONG et les associations, notamment face aux menaces terroristes et aux financements opaques.
Avec cette réforme, le Burkina Faso engage un tournant important pour sa société civile. L’avenir dira si cette loi permettra de bâtir un secteur associatif plus fort, plus crédible, et plus utile à la Nation.
Issa THIOMBIANO, Gulmu Info