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Trente-trois ans après, « Monsieur Naba, la classe vous salue »

Dans une cour silencieuse, une chaise en plastique, quelques enfants curieux, des souvenirs épais comme les manuels de grammaire d’autrefois. Et au milieu, lui : Monsieur Éric Diayoudou Naba, ancien instituteur devenu figure, mémoire, repère.

Ils sont venus. D’anciens élèves, devenus ingénieurs, fonctionnaires, gendarmes ou « juste » citoyens reconnaissants. Trente-trois ans après leur passage en CM2, ils sont là, la voix un peu tremblante, les yeux brillants sous les lunettes d’adulte. Une promotion 1986-1992, qui n’a pas oublié la fermeté, les coups de règle, les leçons de vie.

« Il nous tenait comme ses enfants », souffle Moussa Sondé, aujourd’hui cadre, encore ému de revoir celui qui fut « le commandant de l’école ». Et puis, il y avait ces jeudis, jours de repos, où les enfants venaient chercher leur maître jusque chez lui, « parce qu’on voulait apprendre ». Qui fait ça, en 2025 ?

Ce samedi, pas de fanfare. Juste un tableau de remerciement, quelques mots hésitants, des éclats de rire timides, et un hommage sans discours pompeux. Une forme rare de gratitude : celle qui ne s’achète pas, ne s’organise pas en conférence, ne se vit qu’en silence partagé.

Monsieur Naba, lui, encaisse l’émotion comme on recevait jadis les « bons points » : maladroitement mais avec une fierté discrète. « Je ne savais pas que ce que je faisais, c’était quelque chose », glisse-t-il, presque gêné, en remerciant ses collègues d’hier, ses voisins absents, ses anciens élèves devenus « présidents en puissance ».

Il ne frappe plus, mais il se souvient : des galettes à 25 francs, des cahiers bien tenus, du « chef de classe » qui ne parlait pas fort mais ne lâchait rien. Un microcosme d’école burkinabè, où tout se joue souvent à l’ombre d’un tableau noir.

Dans un pays où les enseignants sont rarement célébrés, cette scène valait bien un journal. Peut-être même un pays entier qui dit « merci » à ses maîtres.

Issa THIOMBIANO,

Honorine MANO, Stagiaire,

Gulmu Info

2 réflexions sur “Trente-trois ans après, « Monsieur Naba, la classe vous salue »

  • Moussa JEAN TRAORE

    Ceci est un acte honorable et de reconnaissance que toute personne ayant reçu une éducation devra poser. Que ces anciens élèves soient bénis pour cette action combien noble

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  • Théo

    Waouh,que Dieu vous bénisse,et longue à Tonton Naba.

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