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Terrorisme au G5 Sahel : Vers un projet de kidalisation du Liptako-Gourma ?

En janvier 2016, quelques jours après l’investiture du président du Faso, au lendemain de la transition, les récriminations contre des alliances supposées contre nature avec la complicité d’anciens dignitaires du régime COMPAORE dans un projet de « djihadisation » du Burkina se concrétisèrent.

En effet pour la première fois et malgré que les troupes Burkinabè étaient déjà engagées sur le sol Malien en vue d’un retour à la paix pendant le régime du Président COMPAORE sans que le pays ne soit inquiété, les terroristes vont s’en prendre au pays hôte de leur ancien partenaire et facilitateur de la crise malienne. En effet, faisant fit de l’hospitalité à eux rendue, déçus par les gouvernements successifs qui n’ont pas voulu s’engager sur la voie de leur prédécesseur, les anciens locataire n’ont pas hésité à faire usage de la plus haute des ingratitudes.

Comme dans tous les pays où pullulent ces êtres, ils s’en sont d’abord pris aux « intérêts occidentaux » en frappant la capitale Ouagadougou puis par la suite aux intérêts du peuple burkinabè. Pendant ce temps Kidal et le Sud algérien avec la complicité bien sûr de la France offraient aux mouvements terroristes de la CMA toutes les opportunités d’un embrasement général du sahel ouest africain. Il ne faut pas se leurrer la France a toujours ses intérêts qu’elle doit préserver dans son pré carré autres que ceux de la philanthropie et de l’humanité. Toute cette philosophie de la conscience politique de la France trouve d’ailleurs son explication dans cette citation tirée du rapport de la montagne du fer : «Les conséquences économiques d’un désarmement général, pour ne parler que de la conséquence la plus évidente de la paix, obligeraient à reconsidérer toutes les modalités de la production et de la distribution dans le monde, dans une mesure qui ferait paraître insignifiants les changements survenus au cours des cinquante dernières années. Des changements gros de conséquences se produiraient également dans les domaines politique, sociologique, culturel et écologique».

L’Ambassadeur de France au Burkina Faso, Xavier Lapeyre de Cabanes, le 26 octobre 2019, lors d’un débat télévisé, faisait savoir que « la présence de la France au Sahel est purement stratégique ». De quelle stratégie s’agit-il ? Puisque Barkhane semble avoir fini sa mission qui était non pas d’en rayer les gites terroristes mais plutôt à instaurer une situation plutôt mitigée (même si Barkhane affirme des résultats concrets depuis le sommet de Pau) pour ensuite appeler « les dirigeants ouest-africains à plus d’actions politiques » comme l’avait recommandé Jean Yves le Drian, ministre Français des affaires étrangères.

L’enlisement de la crise dans le G5 sahel a permis donc à la France et ses acolytes d’étendre leur présence stratégique dans d’autres zones comme la zone des trois frontières que ce soit dans le Liptako-Gourma Malien comme celui du Burkina.

Dans Jeune Afrique du 1er Novembre 2018, Florence Parly, Ministre des armées françaises affirmait : « Nous sommes prêts à intervenir si le Burkina Faso nous le demande… Quand je me suis rendue au Burkina Faso en juillet, j’ai réitéré une offre de coopération avec l’armée burkinabè sur le modèle de celui que nous avons déjà avec les forces maliennes ou nigériennes. J’ai rappelé au président KABORE que la France était disponible si le Burkina Faso en éprouvait le besoin ».

Jean Yves le Drian, Ministre des Affaires Etrangères de la France, à son tour enclouait : « Il y a des fragilités. Barkhane peut être une réponse ponctuelle, elle l’est, si les autorités Burkinabè le demandent, mais pas en se substituant à la décision». À la décision ! Une décision est donc prise au niveau du Burkina Faso qui va engendrer une politique de sabotage de la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso.

En 2019, dans une radio Tchadienne, la Ministre française des armées, Florence Parly, décidait d’informer les groupes terroristes retranchés dans les forêts classées de la Région de l’Est au Burkina Faso, que l’armée Burkinabè se préparait à mener une opération de ratissage contre eux.

Ne trouvant plus comment contourner la décision des autorités Burkinabè, les résultats sur le terrain de la convocation de Pau sont plus ou moins explicites sur le terrain. Nous pouvons observer à travers l’indifférence des autorités sur les attaques dans la région de l’Est, l’échec de l’implantation d’une base des forces spéciales pour le Burkina. Car le sud du Liptako Gourma permet bien à la France de prendre le contrôle des trois frontières que sont le Bénin, le Burkina Faso et le Togo avec pour perspective le Ghana. La France pourra ainsi projeter la déstabilisation du Ghana à travers les indépendantistes du Togoland.

L’opération Bourgou (plante très envahissante) devait permettre à la France de s’étendre dans ces trois frontières. Le Burkina ayant rejeté l’idée d’une force d’intervention, l’opération a été redéployée sur la zone des trois autres frontières du Burkina, du Mali et du Niger. Il faut noter que 24heures après ce rejet, le Burkina Faso enregistrait l’attaque la plus meurtrière sur la route de Boungou le 06 Novembre 2019. La négociatrice de l’implantation de la force française au sud du Liptako-Gourma était encore en tournée dans le Sahel.

Après la convocation de Pau, la France active une autre opération appelée Takuba (sabre, épée) dans le cadre du G5 Sahel. « Takuba » à l’image de la légende du Gulmu où Diaba LOMPO aurait enfoncé son épée dans un rochet dans la région des trois frontières du Sud Liptako après une victoire contre les envahisseurs de son royaume. Pourtant à la réunion de la constitution de la « Force conjointe Takuba » de la France et ses Ouailles européennes, le Mali et le Niger ont été conviés; le Burkina Faso qui abrite le siège de l’Autorité du Liptako Gourma sera par contre exclu.

Tout compte fait la partie nord du Liptako Gourma fait partie de la zone revendiquée du Nord Malien, l’Azawad dont les accords d’Alger ont déjà eu des pourparlers avec des interlocuteurs terroristes bien définis regroupés au sein de la fameuse coordination des mouvements de l’Azawad(CMA). Mais la mise en œuvre de ces accords reste toutefois en deçà des attentes comme l’avait souligné Mahamadou ISSOUFOU président du Niger.

Mais qu’en sera-t-il de la zone sud de cette région qui regroupe les régions nord, est et sahel du Burkina, principales régions qui sont sous emprise terroriste et la région de Tillabéri au Niger ?

Pour le cas du Burkina des voix s’élèvent pour une négociation avec les terroristes qui sont pourtant des Burkinabè, à en croire le Chef d’état major des armées du Burkina, lors du bilan de l’opération « utapuanu ». Leurs revendications ne sont pas connues à ce jour mais ces groupuscules semblent avoir des acquintances avec les groupes terroristes qui écument le sahel Malien.

Alors avec qui les autorités du Burkina auront-elles plus d’actions politiques sur le terrain pour que la paix y revienne comme l’exige le quai d’Orsay ? Certainement que la France apportera son aide pour que ces groupuscules mafieux puissent poser clairement leur revendication comme ce fut le cas pour la CMA et les rebelles Libyens.

Il est impératif qu’on en finisse une bonne fois avec toutes ces ingérences impérialistes dans la conduite des affaires intérieures des Etats Africains souverains. Car, aussi longtemps que la France sera le principal partenaire dans cette guerre, nos pays ne connaîtront jamais de sécurité et de paix. La démocratie qu’elle a offerte aux Libyens, en est l’illustration parfaite.

Œil D’Afrik
Le Président
Larba Israël LOMPO

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