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Reverdir l’Est : 40 000 arbres plantés pour redonner vie aux terres du Gourma

Sous un ciel bas et nuageux, une fine pluie tombe doucement, s’infiltrant dans la terre rouge gorgée de poussière. L’odeur d’humus humide flotte dans l’air, comme une promesse de renaissance. Dans ce décor à la fois apaisant et fragile, des dizaines d’hommes et de femmes, accompagnés des services en charge de l’environnement, plantent minutieusement des jeunes pousses. L’opération, orchestrée par Communication pour un Développement Durable au Burkina (CODD-Burkina), marque le coup d’envoi d’une campagne de reboisement qui vise à inverser la tendance d’une dégradation environnementale alarmante ce jour 12 Août 2025.

Une urgence climatique et sociale

La région de l’Est du Burkina Faso, frontalière du Niger et du Bénin, est l’une des plus touchées par la dégradation des terres. La hausse des températures, la diminution des pluies et l’exploitation incontrôlée du bois de chauffe accélèrent la désertification. Selon le ministère de l’Environnement, plus de 470 000 hectares de forêts disparaissent chaque année dans le pays, compromettant la sécurité alimentaire et la stabilité des communautés rurales.

À Fada N’Gourma, capitale régionale, la déforestation s’est accélérée au rythme de la croissance démographique et des déplacements de populations liés à l’insécurité. Les tensions sur les ressources naturelles exacerbent les conflits locaux, fragilisant davantage une région déjà éprouvée par la violence armée.

Une mobilisation locale soutenue par l’État

C’est dans ce contexte que l’Association CODD-Burkina en partenariat avec le projet ADAPT-WAP et l’Office national des aires protégées (OFINAP), a lancé une vaste campagne de reboisement. Le projet, financé par un fonds environnemental national, repose sur la production et la distribution de plus de 40 000 plants à des familles vulnérables dans les communes de Fada N’Gourma, Tibga, Diabo et Diapangu.

« Nous ne plantons pas uniquement pour reverdir les paysages, mais pour redonner vie à nos sols et espoir à nos communautés », explique Lankondjoa THIOMBIANO, directeur exécutif de l’association. Les espèces choisies – manguiers, orangers, neem, acacias – répondent à un double objectif : sécuriser l’alimentation et améliorer les revenus grâce à la vente de fruits, de bois d’œuvre ou de produits médicinaux.

Des bénéficiaires choisis pour leur engagement

Contrairement à certaines campagnes massives où les plants sont distribués sans suivi, le programme mise sur la responsabilisation des bénéficiaires. Chaque famille est sélectionnée en fonction de sa capacité à entretenir les plantations et à protéger les jeunes arbres contre les animaux errants ou le feu.

Douze pépiniéristes formés sur place assurent le suivi technique et conseillent les habitants. « Ce n’est pas juste une distribution. Nous accompagnons chaque bénéficiaire, nous revenons voir si les plants poussent, et nous remplaçons ceux qui meurent », précise M. THIOMBIANO.

Des voix de terrain

Sous sa clôture encore ruisselante de pluie, THIOMBIANO Magloire inspecte ses jeunes arbustes. Pour lui, ces plants représentent plus qu’un geste écologique. « Ils vont nous nourrir, nous soigner et embellir notre environnement. Quand un enfant grandira à l’ombre de ces arbres, il saura que nous avons pensé à lui », confie-t-il.

À quelques kilomètres, Monsieur KOUADIMA, propriétaire d’une ferme intégrée de deux hectares, prépare déjà la prochaine saison. « Nous allons combiner arboriculture, maraîchage et élevage. C’est un modèle que les jeunes peuvent reproduire. L’agrobusiness, ce n’est pas que pour les grandes villes », dit-il, montrant fièrement ses premiers rangs de manguiers.

Un geste local aux répercussions globales

Au-delà de l’impact local, ces actions s’inscrivent dans la dynamique mondiale de lutte contre le changement climatique. Le Burkina Faso est partie prenante de l’initiative africaine de la Grande Muraille Verte, un projet panafricain visant à restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2030.

Pour Lankondjoa THIOMBIANO, « chaque arbre planté ici est une pierre à l’édifice mondial. On parle souvent de solutions globales, mais elles commencent par des actes locaux ».

Un pari sur l’avenir

Alors que la pluie cesse et que le soleil perce à travers les nuages, les jeunes plants se dressent, fragiles mais ancrés. Les habitants reprennent leurs outils, conscients que le travail ne fait que commencer. Dans cette partie du Burkina Faso, planter un arbre, c’est affirmer que malgré la précarité et la menace climatique, l’avenir peut encore être cultivé.

Pélagie COMBARY, Stagiaire, Gulmu Info

Une réflexion sur “Reverdir l’Est : 40 000 arbres plantés pour redonner vie aux terres du Gourma

  • Nadembega Mariam

    Félicitations à CODD-Burkina et son partenaires Adapt Wap pour cette belle initiative

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