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Région de l’Est : le lourd tribut des adolescentes au silence sur la santé sexuelle et reproductive

Dans les quartiers populaires de Bogandé, de Fada N’Gourma ou de Diapaga, des milliers d’adolescentes voient leur avenir compromis par un mal silencieux : l’absence d’information claire et adaptée sur la sexualité, la contraception et la planification familiale. Grossesses précoces, abandons scolaires, mariages forcés : les destins brisés s’accumulent, nourris par un tabou persistant. Derrière les chiffres, des visages, des rêves inachevés et une question centrale : comment briser ce cercle vicieux ?

Marie, 13 ans, une enfance volée

À 13 ans, Marie (prénom changé), habitante de Fada N’Gourma, rêvait simplement de devenir institutrice. Mais un jour, son corps a changé sans qu’elle ne comprenne vraiment ce qui lui arrivait. Quelques mois plus tard, elle découvre sa grossesse. « Je ne savais rien. Ni ce que signifiait vraiment la puberté, ni comment éviter ça. Je pensais que c’était une maladie », raconte-t-elle, assise sur un banc de bois dans la cour familiale.

Aujourd’hui, elle a quitté l’école, s’occupe de son bébé et dépend entièrement de ses parents. Son avenir d’élève brillante s’est arrêté net. « Si j’avais su, peut-être que ma vie serait différente », souffle-t-elle.

Un tabou social aux conséquences dramatiques

L’histoire de Marie illustre une réalité répandue. Dans beaucoup de familles dans cette région du Burkina Faso, la sexualité reste un sujet interdit. Les parents préfèrent le silence par peur de “corrompre” les enfants. Les enseignants évitent d’en parler, faute de formation et de soutien politique. Les jeunes, eux, se retrouvent seuls face à leurs questions, souvent mal informés par leurs pairs ou par internet.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • • Selon l’UNFPA, près de 28 % des filles en Afrique de l’Ouest et du Centre deviennent mères avant 18 ans.
    • Dans certaines zones rurales, une adolescente sur deux est mariée avant sa majorité.
    • Les grossesses précoces figurent parmi les premières causes de mortalité maternelle dans la région.

« Le silence est meurtrier », résume le Dr Awa Traoré, gynécologue à Bobo-Dioulasso. « Les adolescentes ne meurent pas parce qu’elles savent trop, mais parce qu’elles ne savent pas. »

Fatou, 15 ans, l’exemple de la prévention réussie

À Ouahigouya, Fatou, 15 ans, a échappé à ce destin grâce à une enseignante. « Elle nous a parlé un jour de la contraception, des changements dans notre corps. Quand un homme m’a proposé des “cadeaux”, j’ai su refuser », raconte-t-elle.
Son histoire montre qu’une information claire peut changer une vie. Fatou poursuit sa scolarité et rêve de devenir infirmière. « Je veux aider les filles à comprendre leur corps, à faire de meilleurs choix que Marie », dit-elle.

Les conséquences invisibles mais durables

Les grossesses précoces ne touchent pas seulement la santé des adolescentes. Elles bouleversent toute la société :

📌 Éducation : une fille enceinte quitte presque toujours l’école. Cela réduit ses chances d’emploi et perpétue le cycle de pauvreté.
📌 Santé : une adolescente enceinte court deux fois plus de risques de mourir en couche qu’une femme adulte.
📌 Économie : selon la Banque mondiale, les grossesses précoces coûtent plusieurs milliards de dollars chaque année en perte de productivité.
📌 Cohésion sociale : mariages forcés, stigmatisation, marginalisation des jeunes mères alimentent les fractures au sein des communautés.

Les initiatives qui changent la donne

Face à cette urgence, des projets émergent :
• Le Partenariat de Ouagadougou, lancé en 2011, vise à améliorer l’accès à la planification familiale dans neuf pays.
• Au Burkina Faso, plusieurs associations de jeunesse organisent des causeries éducatives dans les quartiers et villages.
« L’information sauve des vies. Quand les filles savent, elles choisissent mieux », explique Moussa Diallo, animateur communautaire à Fada N’Gourma.

Le rôle crucial des familles et des leaders

Pour beaucoup de spécialistes, les programmes scolaires ne suffisent pas. Les familles doivent briser le silence, et les leaders communautaires – religieux, coutumiers – doivent prendre part au débat. À Fada, un imam anime de temps à autre une émission de radio sur la santé des jeunes. « L’Islam encourage la protection de la vie et de la dignité. Parler de contraception, c’est aussi parler de responsabilité », affirme-t-il. Une émission qui donne des résultats qui sont confirmés pour Aminata, 16 ans qui nous confie ceci « Chez nous, mes parents n’en parlent pas. Tout ce que je sais, je l’ai appris à la radio. Mais parfois, les émissions sont en français, que beaucoup de filles ne comprennent pas. Il faut que ce soit dans nos langues locales. »

Pour changer la trajectoire, trois leviers apparaissent incontournables :
1. Intégrer une éducation complète à la sexualité dans les programmes scolaires.
2. Multiplier les espaces de dialogue communautaire, où parents, enfants et leaders discutent sans tabou.
3. Investir dans la santé communautaire pour rapprocher les services (centres jeunes, cliniques mobiles, contraception gratuite).
Briser le silence, sauver des vies

L’histoire de Marie ne doit plus être une fatalité. Celle de Fatou prouve qu’un mot, un geste, une information au bon moment peut tout changer.
Dans la région de l’Est, le choix est clair : continuer à se taire et sacrifier des générations entières, ou briser le silence et donner aux jeunes les clés de leur avenir. Comme le rappelle un slogan d’une ONG burkinabè : « Informer, c’est protéger. Éduquer, c’est libérer. »

Fawzia Guiè OUATTARA, Activiste en DSSR et Planification Familiale

5 réflexions sur “Région de l’Est : le lourd tribut des adolescentes au silence sur la santé sexuelle et reproductive

  • Ah, le Burkina Faso, où le silence peut être plus parlant que les causeries éducatives ! Lhistoire de Marie est tragique, mais la solution nest pas forcément de remplacer le silence des parents par celui des leaders religieux (même si cest bien intentionné). Fatou a raison, linformation, surtout si elle est en français, cest ça ! Mais attention, avec les chiffres de lUNFPA, il semble que la demande soit plus grande quon ne le pense. Il va falloir que les associations multiplient les causeries, peut-être même en utilisant la radio comme Aminata le suggère, pour faire décoller léconomie locale et éviter que les jeunes mères naient à dépendre entièrement de leurs parents (ou de la radio). Au moins, elles pourront alors dire Je ne savais rien avec plus de fierté !compress images free

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  • Hélas, Marie a dû abandonner ses rêves pour le banc de bois et le bébé. Quelle tragédie ! Mais heureusement, Fatou a eu de la chance avec son enseignante. Le silence, cest mortel, mais un peu dinfo et des slogans comme Informer, cest protéger peuvent faire des merveilles. On aimerait que tous les imams et leaders fassent un effort découte dans les langues locales, surtout quand les émissions sont en français ! Sinon, on continue de sacrifier des générations au nom du Silence sacré . Tant que les associations et ONG nous rappelleront avec leurs slogans que léducation et linformation sont la clé, peut-être y aura-t-il un turnaround. On vote pour la conversation et contre le tabou !act2 ai

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  • Ah, le Burkina Faso, où le silence sur la sexualité est plus épais que la boussole dun bateau sans舵手 ! Lhistoire de Marie est tragique, mais la solution ne réside pas seulement dans les sermons des leaders religieux, même si leur bonne volonté est inestimable. Fatou a raison, linformation est primordiale, surtout si elle est en français, cest une avancée ! Mais attention, avec les chiffres de lUNFPA, il semble que la demande soit plus grande quon ne le pense. Il va falloir que les associations se déploient comme des pionniers dans les campagnes ! Car, comme le dit lONG burkinabè, Informer, cest protéger. Éduquer, cest libérer. On ne peut pas se taire face à une telle urgence, sinon on risque de continuer à éduquer les futures mamans à la dure !basketball stars

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  • Hélas, Marie a dû abandonner ses rêves pour le banc de bois et le bébé. Quelle tragédie ! Mais heureusement, Fatou a eu de la chance avec son enseignante. Le silence, cest mortel, mais un peu dinfo et des slogans comme Informer, cest protéger peuvent faire des merveilles. On aimerait que les associations multiplient les causeries, peut-être même en utilisant la radio comme Aminata le suggère, pour faire décoller léconomie locale et éviter que les jeunes mères naissent à dépendre entièrement de leurs parents (ou de la radio). Au moins, elles pourront alors dire Je ne savais rien avec plus de fierté !nano banana ai platform

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  • Cest drôle comment les chiffres de lUNFPA font toujours plus peur que la description dune adolescence brisée. Le silence est meurtrier : tiens, cest le slogan de lONG qui, selon les commentaires, semble aussi dangereux que la conversation quil vise à remplacer. Fatou, cest le cauchemar inversé de Marie ! Mais attention, si les leaders religieux et les associations se disputent les micros en français, alors oui, on comprend que les jeunes restent confuses. Pourquoi pas des émissions en Dioula ou en Mooré ? Car oui, comme le dit Aminata, Informer, cest protéger. Éduquer, cest libérer : libérer des jeunes de la nécessité de demander des cadeaux et non pas de devenir infirmière pour leur propre genre. Sinon, le coût social de la prévention restera plus élevé que celui de la planification familiale !đếm ngược online

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