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Mort en garde à vue à Ouagadougou : une enquête ouverte après le décès de Jules Christ Donald Oubda

Le décès de Jules Christ Donald Oubda, survenu le 14 juillet dernier après une garde à vue au commissariat de l’arrondissement N°3 de Ouagadougou, suscite interrogations et indignation. Le parquet du Tribunal de grande instance de Ouaga 1 a publié ce mercredi 17 juillet un communiqué officiel confirmant l’ouverture d’une enquête judiciaire afin de faire toute la lumière sur les circonstances de cette mort.

Des faits qui interrogent

Selon le Procureur du Faso, c’est à 19h27 le 14 juillet que le chef de la brigade de recherche du commissariat concerné a signalé que le gardé à vue, arrêté pour abus de confiance, était souffrant et avait été brièvement transféré à l’hôpital avant de regagner les locaux de police. Le mis en cause, Jules Christ Donald Oubda, était accusé d’avoir détourné 40 sacs de 100 kg de riz qui lui avaient été confiés pour livraison. La marchandise, d’après les informations transmises au parquet, aurait été revendue et l’acheteur aurait ensuite restitué la valeur au propriétaire.

Les agents ont aussi indiqué que le détenu semblait sous l’effet de stupéfiants et que son état de santé nécessitait des soins urgents. Le parquet, ayant été informé de ces éléments, a alors ordonné la levée immédiate de la garde à vue pour permettre à la famille de prendre en charge les soins.

Moins d’une heure plus tard, à 20h19, le parquet apprend le décès du mis en cause, peu après sa remise à ses proches.

Une plainte déposée… puis retirée

Dès le lendemain, le 15 juillet, une délégation familiale s’est rendue au parquet pour déposer plainte contre X, exigeant des éclaircissements sur la mort de leur fils, qu’ils soupçonnent de sévices corporels subis en cellule. Le parquet a alors confié l’enquête à un groupe de substituts pour une procédure dite “à parquet”, c’est-à-dire sous son contrôle direct.

Le 16 juillet, la même délégation familiale est revenue sur sa décision, exprimant la volonté de retirer la plainte et de récupérer le corps pour inhumation, évoquant des impératifs culturels liés à l’enterrement rapide du défunt. Le Procureur leur a signifié la nécessité de maintenir l’enquête pour établir les causes réelles du décès, tout en reconnaissant l’importance des coutumes.

L’enquête en cours : vers une autopsie

À ce jour, quatre membres de la famille ont été entendus. Le parquet prévoit également d’auditionner les co-détenus de Jules Oubda ainsi que les agents en poste au moment des faits.

Le corps du défunt, d’abord conservé à la morgue du CHU Yalgado Ouédraogo, a été transféré au CHU de Bogodogo, où une autopsie est prévue ce vendredi 18 juillet. Cette expertise médicale devrait permettre de déterminer si la mort est consécutive à un malaise, à une intoxication, ou à des violences subies en détention, comme le suggèrent les premières déclarations de la famille.

Des garanties judiciaires, un contexte sensible

Dans son communiqué, le Procureur a voulu rassurer l’opinion publique :

« Tout sera mis en œuvre pour faire la lumière sur ce décès. Si des faits infractionnels sont établis, des suites judiciaires seront engagées. »

Le parquet adresse ses condoléances à la famille du défunt et assure suivre de près cette affaire qui pourrait raviver le débat sur les conditions de détention dans les commissariats et les droits des personnes gardées à vue.

Contexte : des précédents inquiétants

Ce drame survient dans un climat tendu où la question des violences policières est régulièrement soulevée par des ONG et des acteurs de la société civile. L’affaire Jules Christ Donald Oubda pourrait ainsi devenir un cas-test pour juger de la capacité des institutions à faire preuve de transparence et de justice.

L’enquête est en cours. Gulmu Info y reviendra.

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