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Lutte anti-corruption au Burkina : Plus de 150 milliards de F CFA de pertes financières révélées par l’ASCE-LC en 2023

L’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) a levé le voile sur l’ampleur des malversations financières au Burkina Faso. Son Rapport annuel général d’activités (RAGA) 2023, présenté le 4 juillet 2025 à Ouagadougou, met en lumière plus de 150 milliards de Francs CFA de préjudices financiers détectés, un chiffre qui souligne l’urgence d’une gouvernance plus rigoureuse.

Des moyens consolidés face à un immense défi

Pour mener à bien sa mission, l’ASCE-LC a bénéficié en 2023 d’une dotation budgétaire de 6,82 milliards de F CFA, soit 94 % de ses besoins. L’exécution de ce budget a été quasi-optimale, avec des taux dépassant les 92 %. Côté personnel, 85,71 % des postes prévus ont été pourvus, un signe encourageant de renforcement des capacités. Toutefois, Adama Paré, chef du département audits et contrôles, a souligné un déséquilibre dans le recrutement des femmes. « Très peu de femmes postulent dans le domaine de la lutte contre la corruption. Nous devons comprendre les causes et les corriger », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité d’une meilleure représentativité.

Prévention et investigations : un front multiple

L’année 2023 a vu l’ASCE-LC diversifier ses actions. Des campagnes de sensibilisation ont été menées dans la région des Cascades, dans des universités et lycées, et à l’ENAREF, touchant des centaines de personnes. L’objectif : enraciner une culture d’intégrité dès le plus jeune âge. En matière de Déclarations d’Intérêts et de Patrimoine (DIP), 73,9 % des assujettis ont respecté leur obligation. Malgré ce taux honorable, des défis persistent, notamment l’accès limité à Internet et l’insécurité dans certaines zones. Un avant-projet de loi a d’ailleurs été proposé pour améliorer ce dispositif. Le bras de fer avec la corruption s’est traduit par la réalisation de 28 audits, dont 5 planifiés et 23 commandés directement par la présidence. Des structures clés comme la CAMEG, le PCRSS, le FSP ou encore le programme PPR COVID-19 ont été passées au crible, démontrant la volonté de l’ASCE-LC de surveiller l’utilisation des fonds publics, y compris dans les situations d’urgence. L’autorité peut également auditer des entités privées ou des OSC si elles reçoivent des fonds publics.

L’ampleur du gaspillage : plus de 150 milliards de F CFA de pertes

Les chiffres sont frappants. Les enquêtes et audits de l’ASCE-LC ont mis au jour plus de 150 milliards de F CFA de préjudices financiers. Ce montant colossal inclut 25,3 milliards F CFA issus d’enquêtes pénales, 44,4 milliards F CFA d’irrégularités découvertes lors des missions planifiées, et 82,6 milliards F CFA issues des missions commandées dans les établissements et sociétés d’Etat. Face aux questions sur la vérification des déclarations de patrimoine, M. Paré a expliqué que l’année 2023 était consacrée à la collecte des informations, la mise en place d’un système de vérification débutant seulement en 2024. Il a pointé du doigt l’absence d’un système informatisé centralisé, qui contraint à des vérifications manuelles fastidieuses, limitant l’efficacité des contrôles.

Un appel à la redevabilité et à des outils de mesure fiables

Le contrôleur général d’État, Lassané Compaoré, a souligné l’importance de ce rapport, qui s’inscrit dans l’obligation légale de redevabilité et reflète la ferme volonté politique du Chef de l’État de faire de l’intégrité un pilier de la gouvernance nationale. Il a lancé un appel crucial : « Il est urgent que le Burkina se dote d’un instrument technique fiable pour mesurer objectivement, l’évolution de la corruption dans le pays, condition essentielle pour juger l’efficacité des dispositifs de lutte. » Une telle mesure serait déterminante pour évaluer l’impact des actions et affiner les stratégies futures.

L’ASCE-LC, par ce rapport, démontre son engagement sans faille dans la lutte contre la corruption. Les défis sont considérables, mais la détermination affichée par les autorités burkinabè laisse entrevoir un avenir où la transparence et la responsabilité pourraient devenir la norme.

Honorine MANO, Stagiaire, Gulmu Info

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