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Les parkings de Fada : entre sécurité des engins et défis quotidiens

Dans la capitale du Gulmu, les parkings de motos et de vélos sont devenus un service incontournable. Aux abords des marchés, des hôpitaux et des lieux publics, les parkeurs veillent jour et nuit sur des centaines d’engins, garantissant la sécurité d’un bien précieux pour les familles. Mais derrière ce métier de l’ombre, se cache une réalité complexe faite de responsabilités lourdes, de revenus modestes et d’un cadre légal encore inexistant.

Un métier essentiel

Touré Idrissa connaît bien ce travail. Président des parkeurs de Fada et parkeur depuis plus de quinze ans, il tente de donner une structure à la profession à travers une association officiellement reconnue. Mais l’absence de réglementation spécifique fragilise encore leurs efforts. « Si une moto se perd, c’est nous qui devons rembourser intégralement. Ailleurs, la responsabilité est partagée – un tiers pour le parkeur, deux tiers pour le propriétaire. Ici, aucune règle n’existe, et c’est lourd pour nous », explique-t-il, visiblement préoccupé.

Une responsabilité lourde, qui met en difficulté de nombreux jeunes parkeurs déjà précarisés par leurs faibles revenus.

Des tarifs accessibles mais contestés

Le coût du service reste modeste : 100 F CFA pour une moto au marché, 50 F CFA à l’hôpital, et 50 F CFA pour un vélo. Pourtant, certains clients refusent de payer, alimentant des tensions. « Nous collectons l’argent le soir et nous le partageons entre les jeunes. Nous gardons une petite réserve pour les besoins du parking. Mais il arrive que des clients partent sans payer », regrette Touré Idrissa.

Un manque de civisme qui fragilise une activité déjà peu rentable.

Les contraintes du quotidien

Sur le terrain, les difficultés s’accumulent. Ouali Taladi, parkeur au marché depuis cinq ans, raconte la complexité de ce métier : « Parfois, les motos sont tellement mélangées qu’on ne les reconnaît plus. Il arrive aussi que la police municipale saisisse des engins. Nous devons payer pour les récupérer avant de les remettre aux propriétaires. Et si un vélo se perd, nous devons le rembourser. C’est vraiment difficile. »

Malgré ces épreuves, une relation de confiance perdure entre les parkeurs et leurs clients, qui reconnaissent leur rôle indispensable.

La voix des usagers : confiance et hospitalité

Couldiati Kompoa, habituée des parkings de Fada, ne cache pas sa satisfaction : « Je gare ma moto ici depuis presque un an. Ce qui me plaît, c’est la sécurité de mon engin et l’hospitalité des parkeurs. Ils sont compréhensifs, et c’est ce qui fait leur force. »

Cette confiance, parfois scellée dans la proximité, permet aux clients les plus modestes de payer plus tard. Un gage de solidarité rare dans un contexte économique difficile.

Pour une reconnaissance légale et institutionnelle

Au-delà de la débrouille quotidienne, les parkeurs de Fada aspirent à une véritable reconnaissance. Formations, appui matériel, encadrement légal : les attentes sont nombreuses. « Nous voyons comment les parkings sont organisés à Ouagadougou. Nous voulons que Fada puisse aussi avancer et que notre association ait les moyens de se développer », plaide Touré Idrissa.

À l’heure où les motos constituent le principal moyen de transport dans les villes du Burkina Faso, sécuriser leur stationnement n’est pas un détail mais un enjeu de société. Derrière leur gilet ou leur sifflet, les parkeurs de Fada portent en réalité une responsabilité collective : protéger les biens de la population, au prix de leurs propres difficultés.

Y. TANKOANO, Stagiaire, Gulmu Info

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