Le journal L’Événement suspend temporairement ses parutions : une pause contrainte dans un contexte de crise
L’un des piliers du journalisme d’investigation au Burkina Faso, L’Événement, a annoncé le 13 août 2024 une pause dans ses parutions. Dans un communiqué adressé à ses lecteurs, lectrices et abonnés, la direction du journal invoque des « difficultés du moment » pour justifier cette décision difficile.
Une suspension à compter du 10 août
La dernière parution des numéros 521 et 522, respectivement datés du 25 juillet et du 10 août 2024, marque un coup d’arrêt provisoire à la publication de ce bimensuel connu pour ses enquêtes fouillées sur les dérives du pouvoir, la corruption et les affaires d’État.
La direction du journal confie la gestion courante à un ancien journaliste de la rédaction, Gaston Bonheur Sawadogo, avec pour mission de « mettre en place une cellule d’écoute, de recherche et de mise en œuvre d’une solution pertinente » afin de faire face aux défis qui assaillent la structure.
Un contexte tendu pour les médias
Cette suspension intervient dans un contexte extrêmement tendu pour la presse burkinabè, fragilisée par des pressions, des menaces et des mesures restrictives. L’Événement n’échappe pas à cette réalité.
La situation s’est particulièrement aggravée depuis le 24 juin 2024, date à laquelle le directeur de publication du journal, Atiana Serge Oulon, a été enlevé à son domicile à Ouagadougou dans des circonstances encore floues. Depuis, aucune information officielle sur son sort n’a été communiquée, alimentant les inquiétudes sur le climat sécuritaire et judiciaire entourant les journalistes indépendants.
Un appel à la solidarité
Dans son communiqué, la rédaction exprime sa reconnaissance envers les soutiens multiples qu’elle a reçus depuis le début de la crise, tout en présentant ses excuses pour l’absence du journal dans les kiosques, une situation qu’elle qualifie d’indépendante de sa volonté.
Ce silence forcé constitue un signal d’alarme supplémentaire sur la situation de la liberté de la presse au Burkina Faso. L’Événement, fondé sur une tradition d’investigation rigoureuse, a souvent été en première ligne pour dénoncer les abus de pouvoir et exiger des comptes.
Et maintenant ?
À l’heure actuelle, aucun calendrier de reprise n’a été annoncé. La cellule mise en place par Gaston Bonheur Sawadogo devrait déterminer les conditions d’une éventuelle relance. Tout dépendra de l’évolution du contexte politique et sécuritaire, mais aussi de la solidarité nationale et internationale envers les médias indépendants.
En attendant, cette pause de L’Événement laisse un vide dans le paysage médiatique burkinabè. Un vide inquiétant dans une période où l’information indépendante est plus que jamais nécessaire.
Van Marcel OUOBA, Gulmu Info