Journée nationale de la liberté de la presse 2024 : Le cri d’alerte du CNP-NZ pour sauver le journalisme burkinabè
Ce 21 octobre 2024, le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) a célébré la Journée nationale de la liberté de la presse au Burkina Faso. Un moment solennel, empreint de gravité, dans un contexte où le journalisme burkinabè traverse l’une de ses périodes les plus sombres. Le thème choisi cette année, « Ne brisons pas le rempart : alerte sur la mise à mort du journalisme », est un vibrant appel à la résistance, directement inspiré d’un éditorial emblématique de feu Norbert Zongo publié en 1993.
Une presse à bout de souffle
Le président du comité de pilotage du CNP-NZ, Guézouma Sanogo, n’a pas mâché ses mots en dressant le tableau actuel : « Les conditions se sont fortement dégradées en ce qui concerne le métier de journalisme, mais il y a encore un minimum. Et nous allons nous accrocher à ce minimum », a-t-il déclaré, évoquant l’existence de lois toujours en vigueur, bien que révisées de manière restrictive.
Le message est clair : la presse burkinabè est en danger. Lois répressives, enlèvements de journalistes, intimidations et précarité structurelle fragilisent gravement le secteur. Sanogo en appelle donc à la conscience collective : autorités, citoyens, organisations de défense des droits humains et journalistes eux-mêmes doivent se mobiliser pour sauver un métier qui joue un rôle fondamental dans toute démocratie.
Une alarme fondée sur des chiffres inquiétants
Le rapport annuel de l’Indice de la liberté de la presse (ILP), publié par le CNP-NZ le 3 mai 2024, dresse un constat alarmant. L’indice pour 2023 est tombé à 1,96 sur 4, traduisant une régression de l’espace médiatique. Et selon Dr Cyriaque Paré, expert des médias et paneliste du jour, il faut s’attendre à une situation encore plus critique : « L’évolution récente ne montre en rien une amélioration. Je ne pense pas que la note pourrait changer. »
Selon lui, cette dégradation est en partie liée à une mauvaise compréhension du rôle fondamental des médias, qui sont perçus à tort comme des adversaires alors qu’ils sont les piliers d’une citoyenneté éclairée et d’un État de droit fonctionnel.
Penser la presse à la lumière de Norbert Zongo
Des panels ont rythmé cette journée de réflexion, avec un regard appuyé sur l’héritage du journaliste d’investigation Norbert Zongo. Le professeur Mahamadé Sawadogo a exploré l’évolution des rapports entre opinion publique et presse, tandis que Dr Cyriaque Paré a interrogé la place du numérique et des réseaux sociaux, oscillant entre opportunité d’élargissement de la liberté d’expression et menace pour la rigueur journalistique.
Un devoir collectif de sauvegarde
La journée du 21 octobre 2024 n’était pas une simple commémoration. C’était un acte de résistance symbolique, un plaidoyer pour la survie du journalisme burkinabè. Et le rappel du message de Norbert Zongo en 1993 prend aujourd’hui une résonance particulière : « Ne brisons pas le rempart. »
Il revient à chacun, décideurs comme simples citoyens, de défendre ce dernier rempart contre l’opacité, l’arbitraire et la désinformation. Car détruire le journalisme, c’est fragiliser la démocratie et exposer la société à l’injustice.
Issa THIOMBIANO, Gulmu Info