Foncier rural dans l’Est : l’accès des PDI aux terres au cœur des priorités
Face aux défis croissants liés à la pression foncière dans la région de l’Est, notamment en raison de l’afflux massif des personnes déplacées internes (PDI), le Comité Régional de Sécurisation Foncière en Milieu Rural (CORE/SFR) a tenu, ce vendredi 23 août 2024, sa première session ordinaire de l’année. La rencontre s’est déroulée dans la salle de réunion du Conseil Régional de l’Est, sous la présidence de Monsieur Ismaël OUATTARA, Haut-Commissaire de la province de la Kompienga, représentant le Gouverneur de la région.
Quand la terre devient un enjeu vital
Au cœur des échanges : la problématique de l’accès des PDI aux terres agricoles, un sujet sensible dans une région où l’arrivée massive de déplacés, fuyant les violences armées, exerce une pression croissante sur les ressources foncières et les relations entre communautés.
Dans son discours d’ouverture, M. Ouattara a rappelé l’urgence de trouver des mécanismes justes et consensuels pour éviter les tensions sociales, et a plaidé pour un dialogue renforcé entre autorités locales, ONG, communautés hôtes et PDI.
Des défis urgents à relever
Après l’adoption du procès-verbal de la session 2023, les participants ont suivi une présentation thématique sur l’accès des déplacés internes aux terres. Les échanges ont permis de dresser un tableau clair des difficultés : conflits liés à l’usage des terres, mandats expirés des instances locales de régulation foncière, méconnaissance des textes juridiques, mais aussi méfiance croissante entre populations locales et déplacées.
Les intervenants ont rappelé que pour les PDI, souvent déjà vulnérables, la terre est une condition de survie, un facteur de résilience, et un levier pour la dignité. Or, nombre d’entre elles se heurtent à un vide juridique, à l’absence de structures fonctionnelles, ou à une hostilité implicite des communautés d’accueil.
Des recommandations pour une gouvernance foncière plus inclusive
Au terme des discussions, plusieurs recommandations stratégiques ont été formulées pour améliorer la situation :
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Renouvellement ou prorogation officielle des mandats des Commissions foncières villageoises (CFV) et communales (CCFV) ;
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Actualisation du plan d’action du CORE/SFR ;
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Mise à jour de l’arrêté de création du CORE/SFR, pour l’adapter aux réalités actuelles ;
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Encadrement des communications radiophoniques sur le foncier, afin d’éviter les discours clivants ;
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Création d’une synergie d’action pour la valorisation des terres sécurisées au profit des PDI, avec l’appui des collectivités et des partenaires.
Une volonté politique affirmée
Cette session s’est tenue grâce à l’appui du Programme de Résilience des Systèmes Alimentaires en Afrique de l’Ouest (PRSA) et a connu la participation d’une délégation de la Direction Générale du Foncier, de la Formation et de l’Organisation du Monde Rural (DGFOMR).
En rappel, le CORE/SFR a pour mission d’assurer une réflexion stratégique sur la gouvernance foncière rurale et de favoriser une concertation permanente entre les acteurs du foncier dans la région de l’Est.
« Une terre partagée dans la justice, c’est une paix consolidée dans la durée », a conclu M. Ouattara, en appelant à la responsabilité collective face aux enjeux du moment.
Van Marcel OUOBA, Gulmu Info