Fada N’Gourma : une conférence publique pour faire vivre les coutumes et traditions burkinabè
Dans une salle comble de l’amphithéâtre de l’Institut National de Formation des Personnels de l’Éducation (INFPE), plus de 300 personnes se sont réunies ce samedi 10 mai 2025 pour une conférence publique régionale autour de la valorisation des coutumes et traditions. Organisée en prélude à la Journée des Coutumes et Traditions (JCT), célébrée chaque 15 mai, cette rencontre s’inscrit dans une dynamique nationale visant à réaffirmer l’importance du patrimoine culturel dans la cohésion sociale.
Cette campagne de sensibilisation, organisée simultanément dans six régions du Burkina Faso, a pour objectif de préparer les esprits à l’institutionnalisation de la Journée des Coutumes et Traditions. L’initiative repose sur le décret présidentiel n°2024-0500 en date du 6 mai 2024, instaurant officiellement cette journée au calendrier national.
À Fada N’Gourma, la rencontre s’est tenue sous la présidence effective de Monsieur Ram Joseph KAFANDO, Gouverneur de la région de l’Est, qui a placé cette initiative dans le prolongement des efforts gouvernementaux pour bâtir un développement endogène, inclusif et culturellement enraciné.
Coutumes et traditions : socle d’une identité partagée
Dans son discours d’ouverture, le Gouverneur a tenu à rendre hommage aux chefs coutumiers et traditionnels, dépositaires des valeurs ancestrales et médiateurs sociaux dans de nombreuses communautés « Valoriser nos coutumes et traditions, ce n’est pas se replier sur soi ni refuser le progrès. C’est puiser dans nos racines la force de nous projeter vers l’avenir. »
Il a insisté sur le caractère complémentaire de la tradition et de la modernité, rappelant que l’État burkinabè, bien que laïc, se doit de protéger et promouvoir la diversité culturelle qui fonde l’unité nationale.
Des communications éclairantes pour renforcer les consciences
Deux interventions majeures ont marqué la rencontre :
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Dr Parfait ILBOUDO, de la Direction Générale de la Culture et des Arts, a présenté l’historique et les fondements de l’institution de la JCT, soulignant la nécessité d’ancrer les pratiques coutumières dans les politiques publiques sans pour autant remettre en question les principes républicains.
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Dr Yendifimba Dieudonné LOUARI, Maître Assistant en Études culturelles africaines à l’Université Nazi Boni, a livré une analyse approfondie sur le rôle et l’importance de la culture locale dans la construction des identités et la transmission des savoirs.
Selon lui, les coutumes ne sont pas figées, mais dynamiques , « Elles évoluent avec le temps tout en conservant leur essence, et permettent de résoudre des conflits, d’éduquer, de transmettre des valeurs de respect, de justice, de solidarité. »
Un moment d’échange intergénérationnel et interculturel
Les discussions qui ont suivi ont donné lieu à des témoignages vibrants sur le rôle des pratiques traditionnelles dans la résolution des conflits, notamment à travers les camps d’initiation en pays gourmantché, perçus comme de véritables écoles de vie.
Les participants ont également évoqué la tolérance religieuse, la cohabitation pacifique entre croyances, et la nécessité de mieux documenter les savoirs locaux. Plusieurs jeunes présents ont exprimé leur désir de réappropriation culturelle, estimant que la connaissance de leurs racines est un levier puissant pour construire un avenir serein.
Une journée appelée à devenir un moteur de développement culturel et touristique
Au-delà de l’aspect commémoratif, de nombreux intervenants ont souligné le potentiel économique et touristique de la Journée des Coutumes et Traditions. En effet, les pratiques culturelles et rituelles, les danses, les objets symboliques et les récits ancestraux représentent un patrimoine vivant, susceptible d’attirer des visiteurs et de créer des emplois locaux. « Cette journée ne doit pas seulement être une célébration symbolique. Elle peut devenir un outil de valorisation touristique, un moyen de générer des revenus et de faire rayonner la culture burkinabè », a suggéré une participante, actrice culturelle à Fada.
La conférence s’est achevée sur une note de satisfaction générale, avec des recommandations fortes formulées pour que cette journée ne reste pas théorique, mais devienne une fête populaire, inclusive, valorisante et utile à toutes les générations.
L’appel lancé est clair : il est temps de donner aux coutumes et traditions la place qui leur revient dans la construction de la nation burkinabè, en les sortant des marges et en les plaçant au cœur du débat citoyen.
Van Marcel OUOBA, Gulmu Info