Fada N’Gourma – Quand l’art devient refuge : Top Vacances « A Bila Djama » redonne voix aux enfants de l’Est
Sous les tôles ondulées de la salle de ciné Yendabili, les rires d’enfants résonnent plus fort que les échos de l’insécurité. Ce samedi 19 juillet 2025, Fada N’Gourma s’est offert une parenthèse d’innocence et de créativité avec la 5e édition de Top Vacances « A Bila Djama », un événement aussi vibrant que nécessaire. À l’heure où les balles et les déplacements hantent les villages, ce rendez-vous culturel veut croire que la paix peut aussi naître… d’un karaoké ou d’un pas de danse.
Une scène pour panser l’enfance
Dans une ville apeurée, Top Vacances « A Bila Djama » « démonstration du talent des enfants » en gourmantchéma, fait figure d’acte de résistance poétique. Pensé par l’association Gulmu Production, ce programme s’érige en espace d’expression pour une jeunesse trop souvent condamnée au silence. « La culture peut guérir les blessures invisibles », souffle BOLY Soumaye, organisateur infatigable et témoin lucide des failles sociales de l’Est.
Sur scène, pas d’armes, mais des ballets, des sketchs, des défilés en mode traditionnel, et des enfants qui jouent à être eux-mêmes. De 4 à 17 ans, ils revisitent leur mémoire collective à coups de chants, de contes et de percussions, esquissant un futur où le vivre-ensemble ne serait pas qu’un vœu pieux.
Une leçon d’espoir signée Gulmu
« En soutenant ces enfants aujourd’hui, nous préparons un Burkina plus résilient, plus uni, plus en paix demain », scande DAHANI Séverin, animateur de la soirée, entre deux séquences de playback et d’émotion brute. L’ambition ? Faire de l’art une arme douce, un instrument d’émancipation pour ces petits rescapés d’un quotidien pesant. Ici, le théâtre devient tribune, la danse devient langue, la fête devient message.
Top Vacances n’a pas les moyens d’un festival national, mais il a l’essentiel : la sincérité des élans et la justesse de la cause. Une sorte de Fitini Show local, enraciné dans les ruelles de Fada, nourri des douleurs et des rêves d’une jeunesse debout, malgré tout.
Culture contre chaos
Face à l’effritement du lien social, Gulmu Production et ses partenaires posent un geste simple mais profond : réunir, transmettre, éveiller. Pendant quelques heures, l’art reprend ses droits. Il reconnecte des enfants à leur imaginaire, à leur identité, à leur communauté. Il rappelle, en silence ou en chanson, que la paix commence là : par une main tendue, un sourire retrouvé, un micro ouvert.
Dans une ville parfois assiégée par la peur, Top Vacances « A Bila Djama » est bien plus qu’un spectacle. C’est un acte de foi dans la jeunesse. Une promesse. Et une bouffée d’air.
Nathanael LANKOANDE,
Pélagie COMBARY,
Stagiaires, Gulmu Info