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Fada N’Gourma, lever de drapeau et levée d’espoir : à l’UYAT, la résistance universitaire s’organise

Ce mercredi 9 juillet, à 7h30, une poignée d’enseignants, de personnels et d’administratifs s’est retrouvée, silencieuse, front au vent, devant le bâtiment pédagogique de l’Université Yembila Abdoulaye TOGUYENI (UYAT). Un geste, simple mais fort : la montée des couleurs nationales. Dans une région où l’on ne compte plus les villages déplacés, les services fermés, les routes devenues impraticables à cause des menaces, ce lever de drapeau sonne comme une déclaration : ici, on tient bon.

Une institution debout, malgré les secousses

À la manœuvre, le président de l’université, Pr David Yemboini Kader TOGUYENI, en première ligne. Voix posée, ton grave, il lance à la communauté universitaire : « Nous n’allons pas nous coucher devant l’adversité. Aucunement. »

Un cri contenu. Une injonction à la résilience. Car si Fada est calme ce matin, la tension reste palpable dans une région de l’Est fracturée par l’insécurité et secouée par un redécoupage administratif qui suscite interrogations et frustrations. Dans ce contexte, l’UYAT se veut bastion de savoir, mais surtout îlot de stabilité.

Un geste symbolique, un message politique

La montée du drapeau n’a rien de cérémoniel ordinaire. Ici, elle devient un acte de résistance. Un rituel patriotique dans une cité qui vit au rythme de l’incertitude. Elle vient dire : « Nous restons. Nous bâtissons. Nous croyons. »

Et quand le président parle de « mesures fortes » pour sécuriser le fonctionnement de l’université, il ne parle pas que de barrières ou de gardes. Il évoque une vision : celle d’un espace de savoir protégé, d’une communauté engagée, d’un avenir à construire à partir des fondations locales.

Une université en sentinelle

Ce n’est pas un hasard si l’université brandit le drapeau au petit matin. Elle se sait observée. Elle sait aussi ce qu’elle représente : un espoir. Dans un territoire où les services ferment, où les écoles fonctionnent à peine, où les centres de santé tournent au ralenti, l’UYAT reste ouverte. Elle forme, elle accueille, elle abrite encore les rêves d’une jeunesse qui veut comprendre, apprendre, transformer.

Une utopie ? Non, une nécessité. L’éducation, ici, n’est pas un luxe. C’est un rempart contre le désespoir.

« Ce n’est pas le moment de fléchir »

Dans son adresse, le président TOGUYENI martèle la ligne : dignité, engagement, résilience. Il salue le personnel, réaffirme la mission de l’université et appelle à faire front. À ses côtés, les regards sont graves. Chacun comprend ce que cela coûte, ce que cela implique : tenir bon là où tout pousse à l’abandon.

Le message est clair : le drapeau ne sera pas baissé à l’UYAT. Même si, autour, tout vacille.

Honorine MANO, Stagiaire, Gulmu Info

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