Fada N’Gourma : Dans l’Est, le ministre Ismaël Sombié mise sur la modernisation de l’aviculture et de la riziculture
En visite dans la région de l’Est, le ministre d’État en charge de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques, le commandant Ismaël Sombié, a livré un message clair : l’heure est venue pour le Burkina Faso de passer de la production artisanale à une agriculture moderne, capable d’assurer l’autosuffisance alimentaire et de réduire la dépendance aux importations.
À Fada N’Gourma, l’aviculture appelée à changer d’échelle
La première étape de la tournée a conduit le ministre au secteur 02 de Fada N’Gourma, sur la ferme avicole de Seydou Traoré. Sur un hectare, quatre bâtiments abritent plus de 1 000 pondeuses et 650 poussins, produisant en moyenne 26 plaquettes de 30 œufs par jour.
Un modèle de persévérance, mais encore loin du potentiel attendu, selon le ministre :
« Le passage d’une aviculture artisanale à une production semi-industrielle et industrielle permettra non seulement d’augmenter les rendements et les emplois, mais aussi de répondre efficacement à la demande croissante en produits avicoles de qualité, tout en réduisant les importations », a insisté Ismaël Sombié.
Un message qui sonne comme un appel à la professionnalisation, à l’investissement et à la structuration d’une filière porteuse.
Tibga : le défi de la transformation rizicole
La délégation ministérielle s’est ensuite rendue à Tibga, dans le bas-fond aménagé de Dapotenga : 35,5 hectares exploités par 292 producteurs, dont 242 femmes. Les rizières, verdoyantes, témoignent du potentiel de la zone.
Séduit par les efforts locaux, le ministre a exhorté les producteurs à franchir une nouvelle étape :
« Il ne s’agit plus seulement de produire du riz paddy. La transformation locale doit devenir une priorité si nous voulons structurer une véritable filière rizicole compétitive. »
Un accent mis sur la valeur ajoutée, jugée essentielle pour réduire les importations de riz, mais aussi pour dynamiser les économies locales à travers l’industrialisation de la filière.
Entre sécurité et agriculture : un lien vital
Conscient du contexte sécuritaire qui fragilise la région, le ministre Sombié a tenu à rendre un « vibrant hommage aux forces combattantes », rappelant que la sécurité des zones agricoles est un préalable à toute ambition de modernisation.
Le gouverneur de la région de l’Est, Ram Joseph Kafando, a pour sa part salué la démarche du ministre, notamment le choix d’effectuer la tournée par voie terrestre. Pour lui, cette proximité avec les producteurs envoie un signal fort : celui d’un État présent et engagé aux côtés du monde rural.
Des prévisions agricoles ambitieuses
Le directeur régional de l’Agriculture, Bassirou Mandé, a présenté des perspectives prometteuses pour la campagne humide 2025-2026, grâce à une pluviométrie régulière et au soutien logistique du ministère :
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724 918 tonnes de céréales, dont 63 624 tonnes de riz et 312 298 tonnes de sorgho blanc ; 
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196 840 tonnes de cultures de rente, dont près de 30 000 tonnes de sésame ; 
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46 142 tonnes de vivriers divers, notamment 36 648 tonnes de niébé. 
Ces prévisions traduisent une ambition claire : consolider la sécurité alimentaire et ouvrir la voie à une agriculture excédentaire, potentiellement exportatrice.
Vers une agriculture résiliente et compétitive ?
La visite d’Ismaël Sombié dans l’Est s’inscrit dans une dynamique plus large : transformer l’agriculture burkinabè pour en faire un moteur économique, au-delà de sa fonction nourricière. L’aviculture et la riziculture apparaissent comme deux filières stratégiques, capables d’assurer à la fois l’autonomie alimentaire et de créer des opportunités d’emplois, en particulier pour les jeunes et les femmes.
Reste à savoir si les investissements, l’accompagnement technique et la stabilité sécuritaire suivront pour transformer ces ambitions en réalités. Car au-delà des chiffres, c’est bien l’avenir d’une agriculture moderne, résiliente et compétitive qui se joue aujourd’hui dans l’Est burkinabè.
Issa THIOMBIANO, Gulmu Info

