Criminalité à l’Est du Burkina Faso : deux réseaux de malfrats démantelés entre Fada et Koupéla
C’est une annonce qui tranche dans le tumulte quotidien de l’insécurité. Le Commissariat Central de Police de Koupéla, dans la région du Centre-Est, a rendu public ce 17 juillet via la page officielle de la Police nationale du Burkina Faso, le démantèlement de deux réseaux criminels opérant entre Fada N’Gourma, Koupéla, et plusieurs localités satellites. Deux groupes, deux spécialités : braquages armés d’un côté, trafic de drogues de l’autre. Un double visage du désespoir organisé, souvent enraciné dans la fragilité sociale et l’effritement du contrôle territorial.
Braqueurs méthodiques, kalachnikovs à l’épaule
Le premier groupe, décrit comme bien structuré, opérait selon une stratégie presque militaire. Basés entre Fada et Koupéla, les membres se scindaient en sous-cellules. À chaque opération, ceux de Fada rejoignaient leurs comparses de Koupéla pour cibler de petites structures locales : boutiques d’alimentation, points de transfert mobile (Orange Money, Moov Money), stations-service. Une fois la cible identifiée, l’attaque était menée avec une kalachnikov, des pistolets automatiques, et une violence calculée. Pendant qu’un guetteur sécurisait la zone, d’autres s’introduisaient dans les lieux, menaçant les employés avant de vider la caisse. Après le coup, les assaillants disparaissaient dans la nature, partageaient le butin, et regagnaient Fada. Plus de 15 millions de francs CFA dérobés en plusieurs mois, une dizaine de cibles documentées.
Friperie empoisonnée
Le second réseau, moins bruyant mais tout aussi nocif, s’activait dans l’ombre du commerce transfrontalier. Depuis un pays voisin non nommé, les trafiquants camouflaient leur marchandise – chanvre indien conditionné en plaquettes – dans des balles de vêtements usagés convoyées avec des camions de fret. Une fois arrivées à Koupéla, la drogue était redistribuée discrètement vers des sites d’orpaillage à Fada, Sapaga, Bogandé, Boromo. La porosité des circuits informels rendait leur traque complexe. Mais les enquêteurs, alertés par des dénonciations anonymes, ont réussi à saisir 39 plaquettes, une kalachnikov, un pistolet, des munitions, et du numéraire.
Un signal envoyé aux bandes organisées
Dans sa déclaration, la Police nationale remercie les populations pour leur collaboration et appelle à maintenir l’élan de vigilance. Les citoyens sont invités à signaler tout comportement suspect via les numéros verts 17, 16 ou 1010.
À Fada comme à Koupéla, ces réseaux ne sont que la partie émergée d’un iceberg criminel nourri par l’instabilité, la pauvreté et l’exode. Pour les forces de l’ordre, ce coup de filet est une victoire tactique. Mais sur le terrain, nombreux sont ceux qui appellent à des réponses structurelles : emplois pour les jeunes, désenclavement économique, contrôle accru des axes commerciaux.
Dans les ruelles de Koupéla, on respire un peu mieux. À Fada, on reste aux aguets.
Van Marcel OUOBA, Gulmu Info