Chefferie de Fada: Le Gulmu, connait son prochain souverain, mais Fada et, notamment le secteur 9, fief de la royauté, est sous tension.

Enfin, un nouveau roi pour le Gulmu. Après 8 mois de vacance du trône, le successeur de kupiendiéli est finalement connu. En attendant son intronisation vendredi matin à Fada, pour connaitre son nom de règne, le 32ème souverain des Gourmantchés est, à l’état civil, Mindierba Thiombiano, un sexagénaire, connu comme opérateur économique dans le domaine du ciment et, présentement élu consulaire du Gourma à délégation consulaire régionale de l’Est. Il est sorti du chapeau électoral jeudi nuit, mais non sans troubles. Sa marche vers le trône connait des turbulences jamais enregistrées dans le processus de succession royale dans le Gulmu.

Ce n’est pas la première fois qu’une succession au trône connait des turbulences dans le Royaume gourmantché. Cependant, c’est la première fois que des partisans d’un candidat malheureux, vont jusqu’à mettre le feu à la hutte traditionnelle, première grande étape du parcours d’intronisation. Une tentative de prise en otage du processus avec usage de gourdins, machettes et même armes à feu, qui n’a pu être empêchée que par l’intervention d’éléments de la gendarmerie, des CRS et de la police nationale au secteur 9 de Fada, fief de la royauté.

Une intervention de l’autorité administrative dans un processus coutumier qui a fait jaser mais, il faut savoir que l’administration ne s’est pas imposé dans ce scénario. Elle n’a fait que répondre à une sollicitation des coutumiers. Comme en prémonition de troubles probables, ou si vous voulez, de rébellion, à la désignation du successeur au trône, les délégués des 31 familles princières, Kupiendiéli ayant été le 31ème souverain, s’étaient réunis le samedi 7 décembre 2019, au domicile d’un des leurs, le prince Pascal Thiombiano, pour convenir d’un accord de non contestation du verdict électoral.

Passé le weekend, le lundi 9 décembre, une délégation des familles princières prenait audience au gouvernorat comme pour consigner, officialiser et légaliser cet accord disant qu’une fois un successeur désigné, toutes les familles princières devaient faire allégeance à l’élu, au nouveau roi. Donc, une sorte d’acte anti-rébellion assorti d’une demande d’accompagnement de l’autorité administrative dans le domaine du maintien de l’ordre public.

Cette démarche des coutumiers avait été validé par le gouverneur de la région, en présence du haut-commissaire du Gourma et du maire de Fada. Ce qui explique donc, l’intervention des forces de l’ordre dans ce processus d’intronisation du 32ème souverain et le maillage sécuritaire du secteur 9 depuis la nuit de jeudi, nuit de la désignation de Mindierba Thiombiano comme successeur de Kupiendiéli.

Ceci dit, qu’est-ce qui s’est passé depuis cette nuit de jeudi, marquée par des actes de violences des partisans d’un candidat malheureux au trône ? Le soir du jeudi 7, Mindierba Thiombiano sort donc du chapeau des candidats. Dès lors, des émissaires doivent aller le chercher chez lui pour le début du rituel d’intronisation.

  • 1ère étape, répondre à la convocation de la famille chargée de la désignation du souverain, pour les premiers rituels.
  • 2ème étape, la famille du chef des princes, pour d’autres rituels.
  • 3ème étape et parmi les fondamentales, les rituels auprès de la famille des Nakoaré où l’élu doit passer par une hutte rituelle, faite de pailles.

Et c’est à cette étape que la violence a atteint un degré de « sacrilège » dit-on, avec l’incendie de la hutte et des tirs de sommation de la part des contestataires. Les faits se sont produits sur le cours de 20H, au secteur 9 de Fada et, du coup, le processus a connu des prolongations jusqu’à 3H du matin dans la nuit de jeudi, violant l’heure du couvre-feu fixé à 21H. Il a fallu, courir chercher de la paille et repositionner tous les attributs du rituel, sous haute vigilance des forces de sécurité, afin de reprendre le parcours des rites d’intronisation qui, la même nuit doit conduire l’élu jusqu’au lieu de son internement sacramentel pour 7 jours. Autre grande étape avant l’internement, celle de la famille Traoré, famille des forgerons pour le rituel des bracelets, boucles d’oreille et anneaux du souverain. Pour son internement, le 32ème roi a choisi la famille Tankoano, là où il se sent le plus en sécurité. C’est là qu’il demeurera, en confinement rituel jusqu’à vendredi prochain 15 mai, où il sera présenté au public et assis sur le trône.

Dans l’intervalle, le candidat malheureux dont les partisans sont entrés en rébellion, a commis une mission de demande de pardon auprès du patriarche de la famille Nakoaré, là où la hutte a été incendiée. Le patriarche, confie une source proche de la famille, s’est déclaré inapte à accorder le pardon. L’affaire est classée si grave qu’il faudra attendre que siège un collège de sages.

Le Gulmu, connait donc son prochain souverain, mais Fada et, notamment le secteur 9, fief de la royauté, est sous tension, sous vigilance sécuritaire, attendant avec appréhension qu’arrive vite le vendredi du sacre de Mindierba Thiombiano comme successeur de Kupiendiéli au trône du royaume gourmantché.

Bolivi Michel, Gulmu Info

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