Burkina Faso : professionnaliser l’administration pour une gouvernance plus efficace
À Ouagadougou, du 15 au 17 juillet 2025, des cadres de l’administration publique prennent part à une session de formation cruciale pour la qualité de l’action gouvernementale. Objectif : produire des dossiers plus rigoureux, mieux structurés et adaptés aux exigences du Conseil des ministres. Un levier technique, mais stratégique, pour renforcer l’efficacité de l’État dans un contexte de forte attente sociale.
Un déficit de rigueur aux conséquences politiques
Chaque semaine, les Conseils des ministres burkinabè examinent des dossiers portés par les ministères et institutions. Mais en coulisses, un problème persiste : des documents incomplets, mal rédigés, ou non conformes aux exigences formelles. Résultat : de nombreux rejets et reports, ralentissant la prise de décision publique. « Les lacunes de fond et de forme entraînent souvent le rejet des dossiers, ce qui impacte directement l’action gouvernementale », a rappelé Ousmane Ouattara, Secrétaire général du gouvernement et du Conseil des ministres. C’est dans ce contexte que s’inscrit cette 1re session 2025 de formation sur le travail gouvernemental, destinée aux cadres des ministères et institutions. Organisée à Ouagadougou, elle vise à corriger les faiblesses structurelles qui entravent l’efficacité administrative.
Un enjeu de méthode, mais aussi de souveraineté
Sous la présidence du ministre d’État chargé de la Défense, le général de brigade Célestin Simporé, la formation a réuni des agents venus renforcer leurs compétences dans la préparation des dossiers ministériels, la rédaction des rapports, des projets de textes et des communications orales. « Le travail gouvernemental n’est pas une affaire de technocrates isolés. Il repose sur une coordination rigoureuse entre tous les acteurs de l’administration », a souligné le ministre Simporé. Dans un pays confronté à une crise sécuritaire profonde, où les attentes des populations sont aussi urgentes que nombreuses, l’efficacité du travail gouvernemental devient un impératif démocratique. Selon le ministre, mieux outiller les agents publics, c’est aussi mieux répondre aux priorités nationales.
Des résultats mesurables, une dynamique à poursuivre
Les formations antérieures ont déjà porté leurs fruits. Ousmane Ouattara a salué la baisse significative du taux de rejet des dossiers soumis au Conseil des ministres : de 18 % en 2021 à 8 % en 2024. Une évolution de dix points, saluée tant par les bénéficiaires que par le gouvernement. Cette nouvelle session, articulée autour des outils numériques comme eCM, CIMEX ou Légiburkina, répond également à un besoin de modernisation de l’administration. Il s’agit de renforcer la gouvernance de l’information à l’ère du numérique, pour mieux piloter les politiques publiques.
Former pour gouverner autrement
Au-delà des techniques, cette formation souligne une volonté politique : faire de la qualité administrative un pilier de la gouvernance publique. Loin des grandes réformes visibles, c’est ici dans les rouages du fonctionnement de l’État que se jouent l’efficacité, la rapidité et la crédibilité de l’action publique. « Cette formation se veut un creuset d’échanges entre les acteurs de la préparation des dossiers du Conseil des ministres », a déclaré le SG du gouvernement.
Professionnaliser pour reconstruire la confiance
Dans un contexte de crise multidimensionnelle sécuritaire, sociale, économique la rigueur administrative devient un enjeu stratégique. À travers ces sessions, le gouvernement burkinabè tente de consolider l’un des fondements essentiels de la démocratie : une administration compétente, réactive et au service de l’intérêt général.
La prochaine session est annoncée du 22 au 24 juillet 2025. D’ici là, les acquis de celle-ci traceront, espérons-le, les contours d’une gouvernance plus efficace, mais surtout plus responsable.
Honorine Mano, stagiaire, Gulmu.info