Gourma / Assainissement : Fada N’Gourma à la conquête d’une ville plus propre
Dans un contexte où les déchets solides s’amoncellent et menacent la santé publique, la province du Gourma veut changer la donne. Un atelier de formation, ouvert mercredi par le Haut-commissaire Silas Nacanabo, marque une étape importante vers une meilleure gestion de l’assainissement dans la capitale de l’Est.
Une ville étouffée par les ordures
Dans les ruelles de Fada N’Gourma, les tas d’immondices sont devenus un décor récurrent. Au-delà de l’image, ce sont les risques sanitaires qui inquiètent.
« Les ménages produisent divers types de déchets, mais la plupart finissent dans les ruelles. Ces déchets favorisent les maladies et détériorent notre cadre de vie », a déploré Désiré Saré, directeur provincial en charge de l’Assainissement.
Malgré l’existence d’associations locales et d’initiatives citoyennes, le manque de coordination et de moyens limite encore l’efficacité des actions.
Trois jours pour changer les pratiques
L’atelier de formation, prévu sur trois jours, ambitionne de former des relais communautaires capables d’inverser la tendance. Les modules abordent :
- Les fondamentaux de la gestion des déchets solides ;
- Le cadre réglementaire et institutionnel du Burkina Faso ;
- Le décret relatif à la collecte, au stockage, au transport, au traitement et à l’élimination des déchets urbains.
Un accent particulier est mis sur la pré-collecte, la collecte et le transport, considérés comme les maillons faibles du dispositif actuel.
Une urgence sanitaire et environnementale
En donnant le coup d’envoi des travaux, le Haut-commissaire Silas Nacanabo a alerté sur les dangers d’une gestion approximative des déchets :
« La mauvaise gestion des déchets expose les populations à des maladies, accroît la pollution et fragilise notre environnement », a-t-il averti.
Il a salué la synergie entre les services techniques et les collectivités locales, tout en appelant les participants à devenir de véritables acteurs du changement.
Un défi national qui dépasse Fada
La problématique n’est pas propre au Gourma. Selon le ministère de l’Environnement, plus de 80 % des déchets produits dans les centres urbains du Burkina Faso échappent à toute filière de traitement formelle. Cette situation compromet les politiques de santé publique et met en péril les engagements du pays en matière de développement durable.
Vers une nouvelle dynamique ?
Pour Fada N’Gourma, cet atelier pourrait constituer un tournant. Les participants formés seront appelés à sensibiliser leurs communautés et à initier de meilleures pratiques.
Mais la réussite dépendra de la mobilisation collective. Comme l’a rappelé Désiré Saré :
« La gestion des déchets n’est pas seulement l’affaire des services techniques, c’est une responsabilité partagée par tous. »
Cet atelier est une première pierre posée vers un cadre de vie plus sain. S’il aboutit à une prise de conscience collective et à des actions concrètes, Fada N’Gourma pourrait devenir une ville modèle en matière de gestion des déchets. Une dynamique qui, si elle s’étend, offrirait un souffle nouveau aux autres villes burkinabè, confrontées aux mêmes défis d’assainissement.
Issa THIOMBIANO, Gulmu Info
