Fada N’Gourma : des leaders musulmans formés pour renforcer la cohésion sociale
Dans une région éprouvée par les fractures sociales et la menace sécuritaire, la parole religieuse reste un puissant vecteur de paix. C’est dans ce contexte que le Cercle d’Études, de Recherches et de Formation Islamiques (CERFI) a organisé, du 23 au 25 septembre, un atelier de formation dédié aux imams, prêcheurs et responsables d’associations islamiques de la commune de Fada N’Gourma.
Placée sous l’égide du projet Djama Beog Néré, financé par l’Union des Religieux et Coutumiers du Burkina pour la promotion de la Santé et du Développement (URCB-SD), cette session s’inscrit dans une stratégie plus large visant à promouvoir la paix, la tolérance religieuse et la cohésion sociale.
Une rencontre à forte valeur symbolique
Réunis dans la salle de conférence du Conseil régional, une trentaine de leaders musulmans issus des onze secteurs de Fada et de plusieurs villages environnants ont pris part aux travaux. L’ouverture officielle, présidée par le Haut-commissaire de la province du Gourma, Silas Nacanabo, représentant le gouverneur de la région, a donné le ton.
Lecture coranique, mot de bienvenue du 2ᵉ vice-président de la Délégation spéciale, Ahadi Idani, allocution du coordonnateur du projet, Kadré Sawadogo, également vice-président du CERFI, et discours officiel ont rythmé une cérémonie empreinte de solennité.
Pour le Haut-commissaire, l’enjeu est clair :
« Dans un contexte où notre tissu social est mis à rude épreuve, il est indispensable que les voix de la sagesse, de la modération et de la fraternité se fassent entendre. »
Les leaders religieux au cœur du vivre-ensemble
Selon Kadré Sawadogo, le projet Djama Beog Néré ambitionne de bâtir une société plus résiliente face aux divisions, en mettant en avant les valeurs islamiques de paix, de justice et de solidarité. « L’approche participative que nous proposons vise à faire des leaders religieux des acteurs-clés de la médiation sociale et de la promotion du vivre-ensemble », a-t-il souligné.
Au-delà des discours, l’atelier a abordé des thématiques concrètes : comment prévenir l’instrumentalisation de la religion, quelle place donner à la tolérance dans le prêche, et de quelle manière renforcer la confiance entre les communautés pour apaiser les tensions.
Un projet à portée nationale
D’une durée de 32 mois, le projet Djama Beog Néré couvre 15 communes du Burkina Faso, dont celle de Fada N’Gourma. Lancé à Kaya en février dernier, il s’appuie sur un constat : face à la crise sécuritaire et humanitaire, les leaders religieux et coutumiers disposent d’une légitimité et d’une influence décisives pour restaurer le dialogue et freiner les logiques de division.
Vers une dynamique durable ?
En mettant les leaders musulmans au centre du processus, le CERFI et ses partenaires misent sur une approche endogène. Mais le succès dépendra de la capacité à élargir cette dynamique à l’ensemble des composantes sociales et religieuses du Gulmu.
Une chose est sûre : dans une région où la violence cherche à fragmenter la société, chaque initiative en faveur de la cohésion devient un acte de résistance.
Issa THIOMBIANO, Gulmu Info
