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Allassane Lompo, une conscience debout dans l’Est burkinabè

Trente ans de combat pour les droits humains, la paix et la dignité. À Fada N’Gourma, Allassane Lompo demeure, dans un pays en proie aux fractures, une figure vivante de la résilience sociale. Il n’est ni élu, ni ministre. Il ne porte pas d’uniforme et sa silhouette, familière dans les rues de Fada N’Gourma, ne s’impose pas par l’apparat, mais par la constance. Allassane Lompo, la cinquantaine bien entamée, est un de ces piliers invisibles sans lesquels le tissu social de la région de l’Est, éprouvé par la crise sécuritaire, se serait depuis longtemps déchiré.

Un pédagogue passé du tableau noir à l’agora citoyenne

Enseignant de profession, Allassane Lompo a très tôt compris que l’école ne pouvait être le seul espace de transmission. « La pédagogie est politique. Éduquer, c’est former des citoyens debout », confie-t-il dans un souffle. Depuis les années 1990, il est de tous les combats : syndicaliste à ses heures, formateur communautaire, défenseur infatigable des droits humains.

Président pendant plusieurs années de la Coalition régionale des Organisations de la société civile de l’Est, il a su fédérer ONG, associations de jeunes, leaders religieux et coutumiers autour d’un idéal : construire un « vivre-ensemble » solide dans une région qui semble délaissée par le centre. Il parle peu de lui, mais son agenda est un tourbillon de réunions, de formations, de médiations sociales, entre deux déplacements dans les communes rurales.

Un militant enraciné, toujours au front

Lompo ne s’est jamais caché derrière un micro ou une institution. Son terrain, c’est la rue, les écoles, les secteurs urbains et villages reculés. Lorsqu’il évoque les déplacés internes, sa voix se noue : « Comment faire société quand tant de nos enfants dorment sous des bâches, sans école, sans avenir ? » Alors il agit, en tissant du lien, en accompagnant des initiatives locales, en soutenant les jeunes leaders.

Convaincu que la reconstruction passe aussi par l’innovation, il fut l’un des premiers à lancer, dès les années 2010, des modules d’initiation à l’informatique pour les jeunes filles de Fada, à une époque où l’ordinateur était encore un luxe rare. « L’autonomie commence par l’accès au savoir. Et dans notre région, cela passe par l’émancipation numérique », dit-il avec force.

Un passeur de relais : la jeunesse comme boussole

Aujourd’hui, son combat prend une autre tournure. Il veut préparer l’avenir. « La transition générationnelle est vitale. Si nous ne passons pas le flambeau, nous condamnons nos enfants à reproduire nos impasses. » Pour lui, les jeunes doivent non seulement prendre leur place dans les sphères décisionnelles, mais aussi inventer une nouvelle manière de faire société. Il les exhorte à s’engager, à s’assumer pleinement, à ne pas attendre d’avoir 40 ans pour agir.

Mais plus qu’un appel, c’est un geste. Lors de l’expérimentation des observatoires communautaires de prévention et de gestion des conflits à Fada, un projet pilote du ministère des Droits humains, Lompo a joué un rôle clé. Non pas en s’imposant, mais en facilitant : représentant la société civile, il a accompagné l’installation de comités dans tous les secteurs de la ville, formés de jeunes, de femmes, de déplacés, d’éleveurs et d’agriculteurs.

Une sorte de 11 décembre de la cohésion, comme le ministère l’a dit. Une graine semée à Fada, qui devra germer dans les 13 autres régions du pays.

Une voix lucide dans le tumulte

Loin des slogans, Allassane Lompo est un homme de mesure. Son verbe est calme, presque désarmant. Mais derrière la retenue, une lucidité implacable : « Personne ne gagne seul. La victoire est collective, ou elle n’est pas. Il n’y a pas d’avenir sans paix. Il n’y a pas de cohésion sans justice. »

Il ne croit pas aux héros, encore moins aux sauveurs. Il croit aux tisserands de l’ombre, aux communautés debout, aux alliances improbables entre un vieux enseignant et une adolescente déplacée, entre un paysan et un agent de santé. Il croit, surtout, à la nécessité de transmettre : les valeurs, les combats, mais aussi les erreurs. « Une région qui n’organise pas la relève est une région en sursis. »

Une figure vivante d’un possible

Aujourd’hui, malgré les défis, manque de financements, insécurité, lassitude, il poursuit. En voiture, en moto, à pied parfois. Il refuse de se résigner. « On ne peut pas laisser la peur définir nos actions. »

À Fada N’Gourma, Allassane Lompo n’a ni statue, ni médaille. Mais il incarne ce que le Burkina Faso a de plus précieux : une société civile vivante, enracinée, qui refuse la fatalité. Il est le visage têtu d’un pays qui veut tenir debout, même quand tout vacille.

Van Marcel OUOBA, Gulmu Info

9 réflexions sur “Allassane Lompo, une conscience debout dans l’Est burkinabè

  • NIKIEMA IRENE

    Les mots ne suffiront pas pour présenter l’homme au grand coeur qu’il est. Sa personne est intégré et généreuse sans rien attendre en retour,juste le développement de sa région le Goulmou.

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    • Lompo Alassane

      Merci beaucoup Madame NIKIEMA vous êtes des jeunes merveilleux autour de moi qui me redonnent toute la joie d’agir pour la quête d’un monde meilleur

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  • BOUREIMA AWI LOMPO

    Toujours au service de sa nation

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  • Lompo Yaya

    Il est l’homme au grand coeur, c’est une personne intégrée et généreuse sans rien attendre en retour, Il est toujours là pour le développement de la région de l’Est (Goulmou)

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  • Véronique Ancey

    Beau et juste portrait d Alassane!

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    • LOMPO Alassane

      Merci beaucoup Véronique.
      Tu es aussi l’une des merveilleuses personnes que j’ai eu la chance de rencontrer .
      Avec toi j’ai vu comment on doit être focus concentré sur ses objectifs à atteindre dans nos activités, tout en gardant des relations cordiales ,fraternelles ,et humaines .
      Je retiens de toi une excellente maitrise de ton domaine et une une grande patience dans l’art de conduire le groupe pour de meilleurs résultats

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  • Diallo

    Nous sommes fiers de l’avoir comme boussole car il fait beaucoup l’éveil des consciences ! Il est un modèle de combattant la preuve il surmonter toutes les maladies pour rester au près des populations ! Longue vie à notre Papa 💖❤️💖❤️💖💖❤️❤️💖

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  • OUALI YEMPABOU

    Merci bien à Allassane LOMPO pour tout ce qu’il a fait et continue de faire pour le développement de cette région. Ces critiques constructives ont permis l’atteinte de plusieurs résultats au profit des populations et surtout des personnes vulnérables. Personne ne gagne seul.

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  • Aguima THIOMBIANO

    Bravo à Monsieur LOMPO pour son engagement sans faille en faveur du bien-être de la population de la Province Gourma et plus particulièrement dans la promotion de la culture de la paix.

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