À Fada N’Gourma, la justice se renforce face aux défis sécuritaires
Dans une salle d’audience chargée de solennité, la Cour d’appel de Fada N’Gourma a installé, ce lundi 21 juillet, SANDWIDI Pengdewendé Aristide Parfait au poste de Substitut du Procureur général. Une cérémonie sobre, mais hautement symbolique, au cœur d’un territoire fragilisé par les violences et en quête d’un retour effectif de l’autorité judiciaire.
Conformément au décret présidentiel n°2025-0693, cette nomination s’inscrit dans un mouvement plus large de redéploiement institutionnel dans les zones sensibles du pays. Dans une région où l’accès à la justice demeure entravé par l’insécurité, la présence de nouveaux magistrats traduit la volonté des autorités de rétablir un lien, parfois rompu, entre l’État et ses citoyens.
Une justice en construction
Présidée par le Premier président ZONGO Gaëtan, la cérémonie a rassemblé magistrats, greffiers, autorités administratives et représentants de la société civile. Tour à tour, les voix du parquet ont rappelé les exigences du métier. « Loyauté, rigueur, sens de l’intérêt général », a insisté Hamidou BANHORO, Substitut général, dans un discours empreint de gravité.
Le Procureur général Barnabé COMPAORÉ, pour sa part, a salué « une nomination stratégique à un moment crucial », soulignant que « la justice reste l’un des derniers remparts pour restaurer la confiance dans les institutions ». Une confiance abîmée, dans une région qui, ces dernières années, a vu fuir ses fonctionnaires, fermer ses tribunaux, et s’étioler les services publics.
Le symbole d’un retour de l’État
Dans son intervention, le magistrat SANDWIDI, visiblement ému, a évoqué « le poids d’une mission dans un contexte d’exception ». Sans effet de manche, il a appelé à « une justice proche des réalités locales, attentive aux plus vulnérables, mais ferme contre les dérives ».
Son arrivée, dans une juridiction à la fois exposée et stratégique, marque plus qu’un simple renfort technique. Elle symbolise une reprise de position de l’appareil judiciaire dans l’Est burkinabè — là où les audiences manquent, les contentieux s’enlisent, et les justiciables doutent.
Une justice attendue, scrutée
Face à l’insécurité persistante, notamment dans les provinces du Gourma, de la Komondjari ou de la Tapoa, les défis sont nombreux : criminalité en hausse, conflits fonciers, violences liées aux déplacements de populations. Le rôle du parquet général sera déterminant dans les mois à venir, non seulement pour juger, mais aussi pour rassurer.
Plus qu’une installation, c’est une promesse. Celle que, même en périphérie de la République, le droit continue de s’écrire, à visage humain.
Sylvie DABINI, Stagiaire, Gulmu Info