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Éducation en zone rouge : le cri silencieux des enseignants oubliés de Gayeri

Ils sont instituteurs, professeurs, encadreurs pédagogiques. Tous volontaires ou affectés par l’État, ils ont dit oui à Gayeri, dans la Komandjari. Oui, malgré les rafales. Oui, malgré l’exode. Oui, malgré l’absence de réseau, d’ambulance, de ravitaillement. Oui, pour l’école. Aujourd’hui, ils ne réclament ni prime spéciale, ni médaille. Juste un billet pour rentrer. Un retour vers Fada N’Gourma, où les attendent des enfants, des parents, des conjoints — et des vacances qu’ils n’ont pas connues depuis des mois.

Un aller courageux, un retour incertain

En décembre 2024, ils étaient plusieurs dizaines à embarquer dans un convoi militaire en direction de Gayeri. La mission : rouvrir les classes malgré le vide, malgré la peur. Le contexte était tendu, l’ombre du conflit partout. Mais les maîtres ont tenu bon. « On a quitté nos familles à Noël, en se disant qu’on ferait six mois. On y est encore. Et aucun convoi ne vient. », Enseignant anonyme de Gayeri.

Résister, enseigner, et réussir

A cause de ses soldats de l’Enseignement, les écoles ont repris à Gayéri. La craie a frotté. Les tableaux se sont remplis. Dans une région où l’école publique ne tient plus que par des fils de courage, les résultats sont venus : plus de 90 % de réussite au CEP, plus de 70 % au BEPC.
Une performance quasi miraculeuse pour un territoire oublié des investissements et des projecteurs. « On a sacrifié nos formations, raté nos concours professionnels, tout ça pour rester debout. » Enseignant en classe de CM2, Gayeri.

Le désert logistique

Mais voilà : la mission est finie. L’année scolaire est close, les bulletins imprimés. Et eux, toujours là. Coincés. Les rotations de convois sont suspendues. Aucun vol prévu. Le budget personnel épuisé. « On n’a même pas de quoi tenter la piste à nos risques. » ajoute-t-il.

 

Une plaidoirie discrète mais poignante

Dans une lettre ouverte sobre et digne, ces enseignants demandent peu. Pas un miracle. Juste un appui logistique. Un geste d’humanité, pour rejoindre leurs familles, se soigner, se reposer, se préparer pour la rentrée.

 

Les enseigants estiment avoir fait leur part du contrat. Aujourd’hui, ils ont juste besoin de soutien pour rejoindre leurs familles. Ne laissons pas leur dévouement être payé par l’abandon.

La République peut-elle rester sourde ?

Dans un pays où l’école se bat chaque jour contre l’effondrement, ces enseignants sont des piliers silencieux. Ils n’ont pas déserté. Ils ont tenu. Mais maintenant, c’est la République qui doit les ramener.

Ne pas les écouter, ce serait trahir ce qu’il reste de pacte éducatif.
Les convois du retour ne devraient pas dépendre d’un miracle ou d’un tweet viral.
Ils devraient être une dette morale.

Van Marcel OUOBA, Gulmu Info

3 réflexions sur “Éducation en zone rouge : le cri silencieux des enseignants oubliés de Gayeri

  • Lankoande Limanipo

    Vivement qu’une solution soit trouvée !

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  • Combary maurice

    Enseigner dans une zone rouge est un acte patriotique.nous l’avons fait sans rien demander, nous avons risqué nos vies, compromettre celle de nos familles.
    Même carburant, transport…ne vient d’une tierce personne, tout est à nos frais.maintenant que le Convoi peine à repartir le gov devais reconnaître ce sacrifice en acceptant juste nous accorder un héliportage .
    Une femme disait :[les enseignants, connaissent t’ils leurs places ?eux aussi demandent à ce qu’un avion vienne les chercher.] avait elle raison? certainement oui .parce qu’ils y sont bloqués pour le moment.

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  • TOUMBANGOU Aimé

    Vivement une issue favorable pour ces combattants de l’ignorance et de l’obscurantisme.
    DIEU facilite surtout 👏👏👏.

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