À Abeokuta, les jeunes Burkinabè veulent briser le plafond de bronze
Du 16 au 20 juillet, seize athlètes burkinabè disputent les Championnats d’Afrique d’athlétisme combiné U18-U20 au Nigeria. Objectif : faire mieux qu’en 2023 et s’imposer dans un territoire encore peu exploré.
À première vue, Abeokuta, ville tranquille du sud-ouest nigérian, n’a rien d’un champ de bataille. Pourtant, c’est là que le Burkina Faso vient chercher sa revanche sportive, deux ans après avoir glané cinq médailles dont une en or dans l’arène continentale de l’athlétisme combiné.
Cette fois, la délégation burkinabè débarque en terrain hostile, avec une idée simple : ne plus jouer les figurants. Seize jeunes engagés, U18 et U20 confondus, dans des épreuves souvent boudées par le grand public — décathlon, heptathlon — mais qui exigent rigueur, endurance et technique. L’élite invisible de l’athlétisme.
« Nous avons les talents. Il nous faut maintenant leur offrir les conditions de se hisser au plus haut niveau », martèle Mariam Compaoré, cellule performance à la FBA.
La fédération n’est pas venue les mains vides. Une préparation calibrée, plusieurs stages régionaux, un encadrement technique resserré, et surtout une mission : prouver que le Burkina sait faire autre chose que du triple saut. Même si dans l’ombre plane toujours la silhouette de Hugues Fabrice Zango, totem d’une génération qui refuse de se contenter de survivre.
« Ce n’est pas seulement une question de médailles, c’est aussi un moment pour montrer que nous existons sur la carte de l’athlétisme africain », résume Faïçal Yaméogo, capitaine des U20.
Face à eux : le Nigeria, bien sûr, maître chez lui. Le Kenya et l’Afrique du Sud aussi, ogres classiques des pistes africaines. Mais l’enjeu dépasse la piste : faire briller une jeunesse que l’on dit parfois désabusée, dans un pays secoué par la crise sécuritaire et sociale.
À Abeokuta, ces garçons et filles courront, sauteront, lanceront avec dans les jambes l’énergie de tout un peuple, et dans le cœur cette envie têtue d’exister. Pour eux, l’athlétisme n’est pas qu’un sport. C’est un cri.
Youmanli Tankoano, Stagiaires, Gulmu.info